De l’utilisation des images dans le milieu culturel et associatif

Illustration : Matthieu Ossona de Mendez

Si la publi­ci­té est sou­vent sur les radars, cri­ti­quée pour sa ten­dance à façon­ner nos ima­gi­naires, à repro­duire des sté­réo­types et des rap­ports de domi­na­tion ou pour ten­ter de les décons­truire de manière sou­vent gros­sière, on s’attarde moins sou­vent sur les choix des struc­tures cultu­relles et asso­cia­tives qui pour­tant nous abreuvent quo­ti­dien­ne­ment d’images. Elles qui, dans leurs pra­tiques, ont sou­vent à cœur de trans­for­mer, en tout cas d’interroger nos ima­gi­naires et les rap­ports sociaux dont ceux-ci sont issus et qu’ils contri­buent à construire. Pro­duc­tion d’images propres, récu­pé­ra­tion d’image dans des bases de don­nées dédiées, détour­ne­ment ou réuti­li­sa­tion d’images libres de droits, créa­tion gra­phique et/ou typo­gra­phique… Quelques pistes de réflexion pour une éthique de la com­mu­ni­ca­tion visuelle dans le monde du non-marchand. 

Atti­rer l’attention. Don­ner envie. Inter­pel­ler. Faire com­prendre autre­ment. Au moment de com­mu­ni­quer une infor­ma­tion, de dif­fu­ser une invi­ta­tion ou une pro­po­si­tion, on uti­lise le plus sou­vent des images, que ce que nous avons à dire ait un rap­port avec quelque chose de visuel ou non. Parce que jus­te­ment, il nous faut don­ner à voir ce qu’on pro­pose et trou­ver sa place dans le flux de nos envi­ron­ne­ments régit par l’image. C’est prin­ci­pa­le­ment elle qui attire l’attention, mais aus­si donne le ton. N’avez-vous jamais croi­sé un post de cha­ton accom­pa­gné d’un mes­sage du style « ça n’a rien à voir car je cherche des bras pour m’aider à démé­na­ger, le cha­ton c’est juste pour atti­rer votre atten­tion » ? La plu­part du temps, on essaye de faire en sorte que l’image cor­res­ponde à ce qu’on essaye de trans­mettre, qu’elle donne un sup­plé­ment d’information, qu’elle donne le ton, qu’elle illustre quoi. On pour­rait ques­tion­ner la per­ti­nence de tout faire pas­ser par l’image quand on sait à quel point envoyer une image par email consomme plus d’énergie que d’envoyer un simple texte, mais ce n’est pas le sujet de cet article.

En juin 2020, on sor­tait plus ou moins du confi­ne­ment. La struc­ture dans laquelle tra­vaillait July, qui cosigne cet article, a sou­hai­té orga­ni­ser des ren­contres pour que les gens se retrouvent et prennent le temps d’échanger autour de leurs lec­tures durant les mois au cours des­quels iels avaient été contraint·es de se cloi­trer chez eux. L’un des employés réa­li­sait un visuel pour ce qui avait été appe­lé « Pow wow1 lit­té­raire ». L’équipe sou­hai­tait invi­ter les gens à venir par­ta­ger l’extrait d’un livre lu durant le confi­ne­ment, à l’inverse de l’instantanéité des réseaux sociaux et des divers défis lec­tures qui avaient foi­son­né durant cette période par­ti­cu­lière. L’affiche repre­nait une pho­to sépia d’un chef d’une tri­bu autoch­tone d’Amérique du Nord2 affu­blé par pho­to­mon­tage d’un masque à pois colo­rés (réfé­rence au terme « pow wow » et aux mesures sani­taires). Celle-ci a sus­ci­té des réac­tions plus ou moins indi­gnées de la part de per­sonnes heur­tées par cette créa­tion visuelle. Il ne s’agit pas ici de mon­trer du doigt qui que ce soit, per­sonne n’est à l’abri de faire des erreurs (même si chacun·e est res­pon­sable de la manière dont iels les prennnent ensuite en charge). Nous racon­tons cet épi­sode car c’est bien lui qui, trois ans après, conti­nuait de trot­ter dans nos têtes et nous a don­né envie de réflé­chir ensemble sur la manière dont on pour­rait évi­ter ce genre de raté, iden­ti­fier les écueils ou tout au moins une série de ques­tions qu’il convien­drait de se poser. Par affi­ni­té, nous avons deman­dé à quelques per­sonnes de notre entou­rage tra­vaillant dans des struc­tures cultu­relles et asso­cia­tives de nous racon­ter com­ment elles mobi­lisent des images, conçoivent des visuels.

Quelles images, pour montrer quoi ?

Selon les struc­tures et les cas de figure, les images uti­li­sées par les asso­cia­tions ou les lieux cultu­rels sont pro­duites en interne ou à l’extérieur. Comme l’expliquent Laure Cal­beau, en charge de la com­mu­ni­ca­tion des centres cultu­rels Bruxelles Nord-Ouest, et sa col­lègue Sophie Dumou­lin à Archi­pel 19 la recherche visuelle se fait en fonc­tion de l’évènement et dans le cas des centres cultu­rels, c’est très varié. La créa­tion d’une iden­ti­té pour le lieu doit se faire tout en négo­ciant avec les dif­fé­rents types d’activité et publics aux­quels elles s’adressent. Il arrive que les com­pa­gnies accueillies pro­posent leur propre visuel, avec le risque que « la qua­li­té des images ne soit pas tou­jours au ren­dez-vous, pré­cise Laure, selon la matu­ri­té de la com­pa­gnie ou du pro­jet scé­nique. Il arrive que des spec­tacles très « jeunes” soient dif­fu­sés et que les sup­ports visuels n’aient pas encore été réa­li­sés par la com­pa­gnie aux moyens réduits. Il s’agit d’un tra­vail à entre­prendre de leur côté et les artistes n’ont pas tou­jours la palette d’outils qui va avec. Pour ce genre d’activités, c’est donc le choix de pro­gram­ma­tion qui va géné­rer le type de visuels. » Elle ajoute que la logique est à peu près la même pour la pro­gram­ma­tion ciné­ma : « les films dif­fu­sés incarnent le plus pos­sible une cer­taine diver­si­té pour pro­po­ser une mul­ti­tude de repré­sen­ta­tions. C’est un des enjeux prin­ci­paux de ce centre cultu­rel : diver­si­té de genre avec des films réa­li­sés par des femmes ou avec des pro­ta­go­nistes fémi­nines fortes, diver­si­té des ori­gines avec des films réa­li­sés par des réalisateur·trices d’origine étran­gère. Le conte­nu va vrai­ment déter­mi­ner la forme. Plus que la qua­li­té de la pho­to­gra­phie, c’est la thé­ma­tique et la plu­ra­li­té des iden­ti­tés repré­sen­tées qui prime. Au niveau de l’éthique, il y a évi­dem­ment une atten­tion toute par­ti­cu­lière por­tée à la diver­si­té et à l’inclusion. Les équipes veillent à choi­sir des images qui incarnent la diver­si­té et qui per­mettent à plu­sieurs caté­go­ries de per­sonnes de s’identifier ».

Luc Mal­ghem, l’un des membres fon­da­teurs de la col­lec­tive Fémi­niste toi-même ! nous raconte que le visuel de la pre­mière édi­tion de leur fes­ti­val a fait l’objet d’un concours auquel une cin­quan­taine de per­sonnes ont par­ti­ci­pé. Le choix, ano­nyme, s’est por­té sur le pro­jet d’un des­si­na­teur belge. « D’un point de vue éthique, on peut se deman­der s’il est pro­fes­sion­nel de pas­ser par un concours pour s’offrir un visuel ». Et de nous pré­ci­ser « C’est une forme d’appel à tra­vail gra­tuit, puisque seul·es les gagnant·es obtiennent quelque chose. Après, on fait avec les moyens dont on dis­pose. En 2020, lorsqu’il s’est agi de rafrai­chir l’image, on a pas­sé com­mande à Arshia Amzat, une gra­phiste pro­fes­sion­nelle – comme sou­vent pour ce fes­ti­val, venue par coop­ta­tion. » Iels ont choi­si une femme, plus jeune, « pour dépous­sié­rer » dit-il, et qui sur­tout était talen­tueuse et par­ta­geait les valeurs du festival.

Chez les per­sonnes que nous avons inter­ro­gées, l’éternel pro­blème du temps et des moyens consa­crés ren­contre un sou­ci constant et de plus en plus répan­du d’inclusivité et de repré­sen­ta­ti­vi­té dans les poli­tiques gra­phiques. Cette recherche de mise en visi­bi­li­té n’est pour­tant pas sans pré­sen­ter cer­tains risques qu’il est plus ou moins facile d’anticiper.

Qui crée des images, pour montrer qui ?

Tant Laure Cal­beau que Luc Mal­ghem nous ont fait part de réac­tions, dérou­tantes ou vio­lentes, suite à la publi­ca­tion de cer­tains visuels. Luc nous raconte que le visuel d’un évè­ne­ment dans le fes­ti­val, en mixi­té choi­sie, repré­sen­tant cinq jeunes femmes, dont quatre avec fou­lard, a été repris par une offi­cine raciste qui y a acco­lé un ban­deau « inter­dit aux blancs ». Ain­si détour­né, le visuel a été repris tel quel dans la presse « scan­da­li­sée » nous explique Luc en ajou­tant « Après, on assume et ça a per­mis de for­cer le débat. » Mais force est de consta­ter que cela pose réel­le­ment la ques­tion de l’utilisation des visages des per­sonnes concer­nées lorsqu’elles risquent ensuite d’être prises à par­tie voir vio­len­tée, phy­si­que­ment ou sur les réseaux sociaux.

Laure Cal­beau nous parle éga­le­ment de retours néga­tifs, dont ceux reçus suite à la pro­gram­ma­tion d’une lec­ture queer avec Unique en son genre pour les enfants à la biblio­thèque de Gan­sho­ren. Elle raconte : « Pour nous, c’était impor­tant de pou­voir pro­po­ser au public une affiche avec une pho­to­gra­phie de l’artiste et drag queen Cleo Vic­toire, avec l’idée que la com­mu­ni­ca­tion serve déjà le pro­pos de la lec­ture, à savoir la diver­si­té de genres, l’ouverture d’esprit et la repré­sen­ta­tion de la dif­fé­rence. C’est un choix plu­tôt assu­mé et on est conscient·es de réac­tions néga­tives que cette pho­to­gra­phie peut engen­drer. Nous avons d’ailleurs reçu des pro­pos hai­neux après la paru­tion d’un article dans notre revue. Mais pour nous, c’est impor­tant de repré­sen­ter l’artiste telle qu’elle est, dans son uni­vers. Cela ouvre d’autres portes et répond à notre sens à nos mis­sions en tant que centres cultu­rels. Ces réac­tions, même si elles sont néga­tives, nous confortent dans l’idée que ce choix de pro­gram­ma­tion est pri­mor­dial dans les com­munes du Nord-Ouest. »

Heur­ter les sen­si­bi­li­tés, qu’est-ce que ça veut dire ? La publi­ca­tion de l’affiche des pow wow lit­té­raire avait éner­vé des per­sonnes sen­sibles à rai­son aux enjeux d’appropriation cultu­relle et d’effacement de l’Histoire mais aus­si du pré­sent de popu­la­tions tou­jours oppri­mées. Cette remarque doit être prise en consi­dé­ra­tion. Nous avons le devoir de nous infor­mer. La notion d’appropriation cultu­relle est une notion com­plexe dont Rod­ney William, dans son ouvrage qui porte ce nom tente d’en défi­nir les contours. Il invite à prendre en « consi­dé­ra­tion pour les contextes sou­vent inéga­li­taires et vio­lents qui sont la toile de fond des échanges cultu­rels” » pour repé­rer les mani­fes­ta­tions d’un pro­ces­sus qui vide des élé­ments cultu­rels de leur signi­fi­ca­tion, de leur por­tée poli­tique, « alors même que les indi­vi­dus, dont cette culture consti­tue l’identité, se voient par ailleurs niés dans leur pos­si­bi­li­té d’exprimer et de vivre cette culture, et ain­si de jouir plei­ne­ment de leur huma­ni­té ».

Mais doit-on alors mettre sur le même plan les « sen­si­bi­li­tés heur­tées » par l’image d’une per­sonne visi­ble­ment queer qui vien­draient lire des his­toires aux enfants sans avoir à cacher son iden­ti­té de genre ? Doit-on mettre ces deux cas de figure en miroir ? Est-ce qu’après s’être entendu·es tant de fois répé­ter « On peut plus rien dire ! », on va entendre des « On peut plus rien montrer ! ».

Dans un entre­tien qu’elle a concé­dé à la revue Papier Machine3, la lin­guiste Mona Gerar­din Laverge explique que ce qui sous-tend la phrase « on peut plus rien dire » : c’est que les mou­ve­ments anti­sexistes ou anti­ra­cistes briment la liber­té d’expression et nous éloi­gne­rait du bon sens. Elle pose sur­tout la ques­tion du « on » qui incarnent en fait une caté­go­rie de per­sonnes qui a ten­dance à se consi­dé­rer comme l’universel, capable de par­ler au nom de tout le monde, niant la spé­ci­fi­ci­té de leur parole et de leurs points de vue. Ain­si, ce n’est pas de cen­sure des repré­sen­ta­tions ou des dis­cours qu’il s’agit, explique encore Mona Gerar­din Laverge, mais de décons­truc­tion, de sou­li­gner et faire remar­quer à quel point cer­tains pro­pos sont pro­blé­ma­tiques et ont des consé­quences dans le réel . Qui peut dire, qui est enten­du ? Qu’est-ce que ça fait de dire ?

En trans­po­sant aux images, on peut se deman­der si la ques­tion est vrai­ment de savoir si on ne peut plus rien mon­trer, ou au contraire, de tra­vailler à mon­trer ce qu’on ne voyait pas, y com­pris ce qui se cachait der­rière des « simples » images ? Ne s’agirait-il pas éga­le­ment de se pré­mu­nir de mau­vais pas en tra­vaillant col­lec­ti­ve­ment pour que chacun·e, avec ses propres récits, sa propre his­toire, ses connais­sances et sa sen­si­bi­li­té puisse déce­ler les éven­tuels biais d’une image pro­duite ou col­lec­tée ? On ne peut tout savoir, mais on peut peut-être accep­ter qu’on à toustes des angles morts dont il convient de se méfier et sur les­quels travailler.

Rendre visible ? Un nécessaire changement de focale

Ichraf Nas­ri est artiste, plas­ti­cienne et pho­to­graphe. Elle est éga­le­ment cura­trice et cofon­da­trice de la pla­te­forme artis­tique Xeno, dédiée prin­ci­pa­le­ment aux per­sonnes racisé·es et se recon­nais­sant dans des iden­ti­tés de genre mino­ri­taires. Sur la ques­tion de savoir com­ment don­ner de la visi­bi­li­té à cer­taines per­sonnes, com­mu­nau­tés, exis­tences sans pour autant repro­duire de sté­réo­type ou les enfer­mer dans cer­taines repré­sen­ta­tions com­munes, elle sug­gère avant tout de chan­ger la focale en insis­tant sur le fait que l’idée de vou­loir rendre visible ne peut sur­gir que d’une ins­ti­tu­tion majo­ri­tai­re­ment repré­sen­tée par des per­sonnes blanches, valides, ayant un capi­tal éco­no­mique plus ou moins conséquent.

Elle sug­gère d’aborder des thé­ma­tiques du monde social dont la per­sonne qu’on cherche à rendre visible fait par­tie, pour évi­ter la per­son­na­li­sa­tion tout en sou­li­gnant qu’on a toustes des varié­tés d’ex­pé­rience. « Et sur­tout, cela per­met­trait de sor­tir du dis­cours iden­ti­taire qui a ten­dance à de plus en plus nous enfer­mer dans un essen­tia­lisme, des géné­ra­li­sa­tions sim­plistes et des sté­réo­types » ajoute-t-elle. Com­ment pro­cé­der alors ? « Mal­heu­reu­se­ment, il n’y a pas de méthode claire, répond-elle, il n’y a pas une pra­tique pour faire des pho­tos sans sté­réo­type par exemple, mais je peux dire que, peut-être, si nous sou­hai­tons repré­sen­ter une per­sonne la pre­mière chose c’est de l’é­cou­ter, de s’ins­truire, de faire des recherches au préa­lable, faire vrai­ment une recherche, lui témoi­gner un véri­table inté­rêt, com­prendre com­ment cette per­sonne est peut-être membre d’une com­mu­nau­té, mais aus­si un indi­vi­du sin­gu­lier. »

En 2023, Ichraf Nas­ri a été embau­chée par un théâtre pour réa­li­ser les pho­tos des artistes programmé·es. Com­ment faire alors pour que la com­mu­ni­ca­tion visuelle ne soit pas trop cen­trée sur une per­sonne alors même que, sou­vent, de nom­breux indi­vi­dus sont der­rière une créa­tion ? Com­ment rendre compte de l’atmosphère d’un spec­tacle quelques fois tout à fait dif­fé­rente de celle que peut trans­mettre la simple pho­to d’une per­sonne dans son salon, par exemple ?

Ichraf Nas­ri nous a expli­qué com­ment elle a contour­né cet écueil : « J’ai fait une recherche sur chaque artiste, je les ai rencontré·es en amont, je leur ai deman­dé trois mots pour l’ambiance de leur spec­tacle et trois concepts qui évoquent leur tra­vail. J’ai ain­si pu aller un peu au-delà de leur « iden­ti­té » au moment de faire leur por­trait. J’ai essayé de les ren­con­trer autre­ment ailleurs, à tra­vers autre chose, notam­ment leur créa­tion en essayant de cibler l’image qu’iels vou­laient don­ner sur elleux-mêmes, mais que la pho­to ne parle pas « seule­ment » d’elleux-mêmes. J’ai essayé de jouer avec la contrainte, de la contour­ner en par­tie tout en répon­dant à la com­mande et pour que ça colle avec mon éthique comme artiste et cura­trice, et comme per­sonne. Mais ce qui est sûr, c’est que pour faire les choses bien, des fois, on en fait trop. J’en ai fait beau­coup plus que j’aurais dû par rap­port à ce qui m’était deman­dé et au salaire (cor­rect) que j’ai accep­té. Quand on veut être consciente, poli­ti­sée, mais aus­si rigou­reuse artis­ti­que­ment, et qu’on sent en plus qu’on a beau­coup à prou­ver — parce qu’on est femme, immi­grée, etc. comme moi, on a ten­dance à en faire trop. Ça, ça pose vrai­ment ques­tion. » Cette ques­tion, c’est encore la ques­tion des moyens, mais peut-être, à nou­veau, celle aus­si du col­lec­tif, confron­tant les dif­fé­rentes posi­tions lors d’une col­la­bo­ra­tion, pour éva­luer au mieux, là où il est impor­tant d’investir du temps, de l’argent, de la pensée. 

À Agir par la culture, les chan­tiers sont illus­trés par un·e artiste invité·e et rému­né­rée. Si la ques­tion finan­cière reste impor­tante, notam­ment pour des artistes qui vivent sou­vent de piges peu régu­lières, il nous semble essen­tiel qu’elle reste déta­chée de l’éthique de l’image. On repense à la publi­ci­té et à ses moyens déme­su­rés qui n’empêche aucune dérive. Pour le dire autre­ment, la ques­tion ne nous semble pas tel­le­ment – ou pas seule­ment – de savoir si la pres­ta­tion est « bien payée », mais plu­tôt celle de savoir quelle image uti­li­ser. Du temps (qui est aus­si de l’argent), un sens de la res­pon­sa­bi­li­té et aus­si de l’imagination ? Une mince affaire. Quoi qu’il en soit, au moment de bou­cler cet article, on se demande bien com­ment il va pou­voir être illus­tré. Si c’était à nous de le faire, on se trou­ve­rait bien en peine et on est ravies de ne pas avoir à nous y col­ler, car on a beau dire, mais l’image, c’est un métier !

  1. Le terme pow wow désigne un ras­sem­ble­ment de popu­la­tion nord-amé­ri­dienne, d’origine tra­di­tion­nelle et spi­ri­tuelle. Célé­brant notam­ment les exploits guer­riers, ceux-ci furent répri­més au cours de l’Histoire par les gou­ver­ne­ments cana­dien et éta­su­nien. C’est entre autres pour cela que l’usage de ce terme sor­ti de son contexte est régu­liè­re­ment dénon­cé comme de l’appropriation culturelle.
  2. Pho­to réa­li­sée par Franck Rine­hart en 1898 lors de l’Indian Congress, dont le nom n’était pas cité sur l’affiche, et sans prise en compte du fait que ces pho­tos connais­saient un grand suc­cès alors qu’elles visaient à docu­men­ter les peuples des Pre­mières Nations en voie d’extinction suite à la colo­ni­sa­tion européenne.
  3. Entre­tien avec Lucie Combes dans la revue Papier Machine n°13 ¾ — Hors série « Dire Mot », à paraitre en sep­tembre 2023.

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