Depuis que l’homme est homme, il lève la tête et contemple le ciel. Et un désir le démange : voler. Ainsi sommes-nous faits. Depuis Icare jusqu’aux machines volantes de Léonard de Vinci – dont il vaut mieux contempler les plans que les essayer – tout témoigne de notre envie de nous élever. C’est la nature humaine.
Il a fallu attendre 1903 et les frères Wright pour qu’enfin un avion décolle et puisse être plus ou moins contrôlé – pour l’atterrissage, c’est mieux. Et à quoi doit-on cette réalisation ? Au pétrole. Ah, ah : ça, c’est une leçon ! Après, ça s’est vachement accéléré. 66 ans seulement pour qu’on admire le vol initial du Concorde, summum de l’aviation, dont seulement 113 passagers sont morts dans un p’tit crash. ça arrive à tout le monde.
Puis, comme toujours, ça a commencé à chipoter sur les pollutions et tous ces machins. Mais qu’on ne panique pas : le secteur de l’aviation y travaille. Par exemple, en 2023, une compagnie belge a lancé des avions plus durables et silencieux : 30 % de kérosène et 50 % de bruit en moins. Bon, y’en n’avait que trois et les précédents ont été revendus à on ne sait trop à qui. Mais sûr !, c’est parti pour de nouvelles aventures aériennes écologiques ! Le salon du Bourget 2023 l’a démontré : les avions sont partis comme des p’tits pains – une « pluie de commandes » qu’on lisait dans le journal.
On n’a pas cessé pour autant de rêver à la Lune. En 1961, Gagarine est le premier humain à faire le tour de la terre en orbite. Les USA, qui ont un léger contentieux avec l’URSS de l’époque, sont vexés et le 21 juillet 1969, ils déposent des hommes sur la lune : un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité et tout ça. En 1972, on envoya aussi un véhicule motorisé, ça s’appelait un « rover ». On le sait, c’est pratique les bagnoles : pourquoi s’en priver sur la Lune ?
Et on ne s’arrête pas là : les satellites sont envoyés par paquets en orbite terrestre et des sondes diverses et variées s’en vont explorer l’infini. Et au-delà. Pour l’instant, c’est le télescope spatial James Webb qui bat tous les records et envoie des images époustouflantes de naissances d’étoiles et autres phénomènes étranges de l’univers. Dont coût, dans les 10 milliards d’euros, faut ce qui faut.
On ne fait pas non plus d’omelettes sans casser d’œufs. En témoignent – enfin, façon de parler – l’équipage d’Apollo 1, carbonisé lors d’un essai ou les 22 spationautes morts en vol (on mentionne pour mémoire, les 11 morts à l’entrainement). Mais, après tout, ils savaient ce qu’ils faisaient. N’empêche, tout ça a douché les enthousiasmes et, tristement, on s’est contenté des satellites. Depuis 1957, on en a mis genre 12 000 en orbite. Ça coûte chaud, alors maintenant on s’en sert surtout pour des missions militaires et les télécommunications (ça, ça finit par rapporter un max de blé).
Tout semblait perdu pour les promenades lunaires, mais est arrivé le génie suprême, Elon Musk, qui, doté d’une solide conscience écologique, non seulement construit des fusées réutilisables (des Starship, ça s’appelle) mais entend bien développer les voyages touristiques : La Lune est de retour ! Ceci dit, moi, je vais patienter encore, parce que parfois ses machines, à Elon, elles explosent un peu (mais c’est prévu). Un jour, ça ira.
Et alors, comme d’hab’, viennent les grincheux. Et qu’est-ce que c’est que ces fusées (et ces avions tant à rouspéter) qui nous détraquent le temps, et qu’est-ce que c’est que tout ce bruit qui dérange les bébêtes, et qu’est-ce que c’est que tout cet argent dépensé, et qu’est-ce que ça sert à quoi tout ça ? Bla, bla, bla… Depuis toujours, on le sait, il y a eu des rétrogrades, accrochés à leur lopin de terre, trouillards presque indignes de notre noble humanité capable, elle, d’envoyer 180 fusées dans l’espace en l’an 2022. Et désireuse de faire bien mieux cette année et les suivantes.
Mais, Bon Dieu ! Quand comprendront-ils que le progrès est dans la nature humaine et que sans lui on serait toujours en train de taguer des gazelles dans les grottes ?
Merci Elon, grâce à toi on est reparti pour décrocher la Lune ! N’en déplaise aux ronchons.