Animations et évènements
Évènements
Les conférences et les rencontre-débats demeurent, dans un premier temps, les activités les plus simples à mettre en place. Les possibilités de réflexions autour du jeu vidéo (JV), ses aspects politiques, culturels et sociaux, ou à propos des pratiques sociales et politiques qui y sont liées, sont infinies. Il existe aujourd’hui un large panel d’intervenant·es, spécialistes universitaires ou acteurs-trices de terrain, de qualité et disponibles pour répondre à vos questionnements et ceux de vos publics. L’occasion d’enfin dépasser une approche anxiogène du jeu vidéo auparavant basée sur les questions éculées de la violence et de l’addiction. Et pourquoi pas, à la manière d’un ciné-débat, organiser un tournoi de JV projeté sur grand écran devant public pour ensuite enchainer avec un débat en lien avec le jeu vidéo ?
Animations
Plus conviviaux, des moments de découverte et de réflexion en commun peuvent être mis en place avec vos publics et dans vos espaces dans le cadre d’animation de groupe en éducation permanente (EP). Il peut s’agir de jouer ensemble à des jeux déjà pratiqués par vos animé·es, et d’analyser les idéologies d’un jeu comme les valeurs véhiculées et ce qu’on peut faire ou non dans le jeu, de débusquer les stéréotypes sexistes, racistes, classistes, etc. … Et par exemple d’imaginer comment détourner ces stéréotypes conservateurs. Ou encore de pratiquer des jeux à contenu progressiste et critique conçus pour susciter le débat et éclairer des enjeux sociopolitiques contemporains. Comme A Normal Lost Phone sur la transidentité, Hellink sur les fake news, les jeux du collectif Molleindustria sur le capitalisme contemporain… En plus de faire émerger le débat au sein d’un groupe d’adultes, ces pistes permettent aussi de pratiquer de l’intergénérationnel si vous choisissez des jeux simples à prendre en main.
Ateliers d’écriture
Vous pouvez aussi imaginer des ateliers d’écriture autour du jeu vidéo. Par exemple en travaillant l’analyse du média vidéoludique par la création d’un support journalistique (papier, blog, vidéo, streaming…) de critique de jeux. Ou en proposant d’imaginer des jeux vidéo sur papier, dans leur phase conceptuelle, pour comprendre ensemble les mécanismes du média et échanger des idées.
Ateliers de création de jeu vidéo
Et pourquoi pas, si vous disposez du matériel nécessaire, ensuite mettre en place des ateliers créatifs ? Par exemple de production de machinimas, soit des films d’animation réalisés à l’aide de jeux vidéo ou de leur moteur graphique. Ou carrément de conception de jeux vidéo. Les possibilités sont nombreuses et plus ou moins accessibles suivant la piste choisie : créer un jeu de toutes pièces ou bien réaliser un mod d’un jeu déjà connu, c’est-à-dire bidouiller un jeu pour le faire changer d’apparence graphique ou en modifier les règles et le fonctionnement. La contrainte technique ne doit pas être un frein. Ainsi, certains animateurs ont créé des jeux via YouTube, en utilisant le principe du choix entre deux vidéos pour traiter de dilemmes moraux. De nombreux programmes gratuits existent aussi et offrent de vastes possibilités créatives (Comme Scratch, Bitsy ou Twine).
Le processus de création permet, comme avec la création de pièce ou de films d’atelier, d’interroger des problématiques sociopolitiques, de reprendre la main sur son identité, de jouer avec les représentations sociales dominantes et de les déjouer, etc. L’objet fini peut potentiellement développer de nouveaux regards sur la situation vécue qui est présentée et diffusée de manière pop et ludique. Par exemple un jeu conçu par des travailleurs-euses d’une plateforme pour évoquer leur exploitation, un jeu conçu par des réfugié·es pour expliquer leur parcours migratoire… Certes, le processus et les échanges qui y prennent place importent souvent plus que le résultat. Mais ce genre d’atelier offre de nombreux angles de travail intéressant : initiation au numérique et à la programmation, éducation au média, créativité et collaboration, émancipation collective par la réalisation du jeu…
Expo
Enfin, plus complexe techniquement mais très mobilisateur, l’intégration du jeu vidéo dans des dispositifs d’exposition sur des thématiques sociopolitiques. Une excellente manière de rassembler les différentes fonctions présentées ci-dessus et d’intégrer la pratique des jeux dans le parcours même de l’exposition. Exposition dont les problématiques peuvent d’ailleurs aussi s’attacher à ce média de masse : sur la place des femmes ou des minorités dans les jeux vidéo et dans l’industrie qui les conçoit, représentations dans les jeux vidéo de la colonialité, du militarisme, des questions économiques et sociales…
Institutions et personnes-ressources
Pour ce qui est des publics adultes dans l’animation avec le jeu vidéo, le secteur EP en est encore à ses débuts. Mais beaucoup d’activités transposables en EP se font déjà dans le secteur Jeunesse, de l’Education aux médias, l’initiation au numérique ou encore dans les Arts numériques. Citons ainsi FOr’J (la Fédération de MJ et Organisation de Jeunes) qui couvre à peu près tous les aspects des usages du jeu vidéo en éducation permanente (formations, animations, accompagnement…). C’est d’ailleurs Julien Annart, co-auteur de ces lignes, qui y anime le volet jeu vidéo. Le Liège Game Lab (ULg) propose de très nombreux services aussi bien pour le socioculturel que pour l’éducation et la formation (notamment leur MOOC annuel disponible gratuitement en ligne). Les asbl Action Médias Jeunes, Arts & Publics et Média Animation offrent de nombreux services dans l’animation d’ateliers et la création collective de jeux, pour enfants comme pour adultes, ainsi que des conférences sur des sujets variés liés aux jeux vidéo. Pour des animations ludiques liées à l’initiation au numérique, contactez KODO Wallonie et en particulier sa coordinatrice Céline Colas. Pour Bruxelles, contactez Jessica Dejas, chargée de projet auprès de Bruxelles-Ville. L’artiste Isabelle Arvers propose des workshops autour de la production de machinimas. Pour entrer en contact avec des créateurs et créatrices belges de JV, vous pouvez contacter la WALGA et la BROTARU, qui, bien qu’elles soient plutôt des associations pour professionnel·les, vous orienteront.
Formations
Le Liège Game Lab organise, en partenariat avec la Haute École de la Ville de Liège et le Digital Lab, le premier certificat universitaire entièrement dédié à la culture vidéoludique et à son utilisation à des fins professionnelles. De janvier à juin 2021. Destinés aux professionnel·les de l’éducation permanente, de l’animation socioculturelle, de l’enseignement, des centres culturels, des musées… elle propose dans le cadre de pédagogies dynamiques d’appréhender la culture vidéoludique et ses enjeux. Toutes les infos ici.
En matière de formation, seule la formation longue proposée par le Liège Game Lab vise spécifiquement le secteur socioculturel. Mais l’eduLAB propose aussi de très nombreuses formations utilisant le jeu, en particulier celle de Jonathan Ponsard pour Minecraft, de Gaël Gilson pour des ateliers liés à l’apprentissage du français et de Manuel Guisset pour les escape games pédagogiques et éducatifs. L’Atelier EDU propose des pistes en matière pédagogique. Le Louvain Game Lab propose également des cours plus théoriques. La HE2B dispense une formation diplômante en sciences du jeu.
Ressources bibliographiques (en libre accès)
« Jeux vidéo et éducation » coordonné par FOr’J avec le soutien de Digital Wallonia.
« Éducation aux médias et jeux vidéo » par Média Animation, disponible gratuitement sur
« Culture vidéoludique ! » du Liège Game Lab
« Jeux vidéo : du divertissment à l’analyse critique », Philippe Delmotte, CESEM, Collection Repères, 2020.