Qu’est-ce que l’ACV Puls. Quels sont ces actions, ces missions, ces combats, ces revendications ?
Nous sommes une branche syndicale destinée à défendre et soutenir les travailleur·ses du secteur culturel en Flandre au sein de la CSC. Ce qui est un peu spécifique par rapport à d’autres organisations actives dans le domaine de la culture, c’est que nous représentons l’ensemble des travailleurs culturels. Que ce soit les artistes, les techniciens, le personnel administratif etc. Avec « Cultuurvakbond », un partenaire culturel qui collabore avec nous, nous constituons une branche culturelle rattachée à une grande organisation syndicale.
Nous organisons des élections sociales, des personnes se présentent sur une de nos listes, elles sont élues par leurs collègues et deviennent des délégué·es qui sont directement en contact avec les travailleur·ses. Ces délégué·es entament un dialogue social avec les employeurs.
Dans notre syndicat nous avons beaucoup d’artistes qui bénéficient du statut d’artistes et qui connaissent des périodes importantes de chômage. Nous les soutenons dans leurs différentes démarches artistiques.
À côté de ça, nous avons des réseaux pour amener les travailleur·ses qui ne sont pas syndiqué·es à s’informer sur nos actions et aux spécificités de leur secteur. Nous avons recours au mailing, et avons développé un site internet pour tenter de réunir des membres ou même des sympathisants non affiliés afin de les sensibiliser.
Que pensez-vous de la réforme relative à la protection sociale des travailleur·ses culturel·les (WITA) Working in the Arts ? Répond-elle aux réalités de travail de l’ensemble du secteur culturel et artistique ? Quel est le sort que cette réforme réserve actuellement au statut d’artiste ?
Un groupe d’experts composé de gens du secteur ont écrit un premier texte. Suite auquel les ministres compétents ont demandé un avis au CNT (Conseil National du Travail). C’est cet avis qui au cœur de cette procédure. En tant que syndicat bien évidemment nous participons à la discussion. Cela fait partie du dialogue social que nous avons entamé et pour lequel nous sommes arrivés à dégager un avis commun avec les partenaires sociaux après de franches discussions, même si nous n’avons pas gagné à tous les coups. La CSC culture et bon nombre de collectifs d’artistes appellent à une autre réforme du statut d’artiste que celle proposée dans la note Working In The Arts (WITA). Pour beaucoup de fédérations, d’associations et de travailleur·ses, cette note ne répond pas aux réalités de travail de l’ensemble du secteur culturel et artistique. Ils pointent également la rapidité avec laquelle cette ébauche de réforme a été rédigée, et sans prise en compte de la pluralité des voix exprimées. La CSC culture et les collectifs d’artistes demandent la poursuite de la réflexion entamée jusqu’à la mise sur pied d’une réforme basée sur d’autres scénarios que cette proposition du WITA, et qui tienne vraiment compte des réalités des acteurs et actrices de la culture, et pourquoi pas d’autres formes d’intermittence. L’occasion de cette réforme nécessite un travail en profondeur mené à un rythme qui puisse être soutenu par des représentant·es du secteur et qui permette des allers-retours constructifs et indispensables avec la base. Ce collectif de travail regroupe l’Association des technicien·nes et professionnel·les du spectacle, la Chambre des compagnies de théâtre pour adulte, la Fédération des arts plastiques, les représentants syndicaux de la CSC et du Setca, le Mouvement des étudiant·es et travailleur·ses des arts en lutte, la Smart etc. Ne perdons pas de vue que cette réforme est attendue depuis plus de vingt ans, une proposition en vue de la création d’un véritable statut de l’artiste en Belgique est à l’étude chez les ministres fédéraux Vandenbroucke, Dermagne et Clarinval. Nous estimons n’être plus à quelques mois près, il faut que cette réforme soit pensée dans la sérénité et non dans la précipitation.
Il est vrai que cette réforme est très large. Elle aborde beaucoup de points. Dont celui très important lié au statut d’artistes en termes de carrière, en termes de commission des artistes. L’artiste est au centre des débats. Certes, il y a certainement de bonnes choses dans la réforme mais à l’ACV Puls nous avons des inquiétudes. Par exemple, la réforme envisagée s’approche fortement de l’idée d’un revenu de base pour les artistes. Mais ce n’est pas vraiment dans cette direction que souhaitent aller les partenaires sociaux. En effet, notre rôle est de rester les garants de la sécurité sociale. Nous sommes d’accord qu’il faut faciliter l’accès au statut d’artiste mais nous ne voulons pas de cumul de revenus à n’importe quelles conditions. C’est-à-dire que lorsque, sur une période, le travail de l’artiste ne lui rapporte pas suffisamment de revenus le complément de revenu du statut d’artiste lui apporte une grande aide. Si maintenant, il a engrangé des revenus importants suite à son activité d’indépendant, il faut adapter son revenu de statut d’artiste, c’est-à-dire son indemnité de chômage de manière dégressive. Et ainsi limiter le cumul des deux revenus. C’est la position que défend l’ACV Puls.
L’idée doit toujours être celle que le statut d’artiste est fait pour combler un vide pour l’artiste lorsque ses revenus, ses missions artistiques sont trop limitées. Il ne doit pas systématiquement avoir recours au statut d’artistes en toutes circonstances. Or la proposition du CNT veut maintenir cette indemnité de chômage dans toutes les circonstances. Cependant la réforme telle qu’envisagée par le CNT n’a pas encore l’étoffe ou la couverture politique nécessaires, elle n’est pas approuvée par les ministres fédéraux. Le CNT est donc en attente d’une note des décideurs politiques qu’il réévaluera par la suite.
Est-ce que vous pensez qu’on va encore assister à des coupes budgétaires dans le secteur culturel dans les temps à venir ?
En Flandre, toutes les organisations culturelles ont remis leurs dossiers de subsides pour 2022. Elles ont justifié leurs demandes de budget. Les nécessités de budgets sont grandes, mais elles sont revues à la baisse. Nous sommes en phase d’évaluation, mais je ne m’attends pas à des retombées très positives. Il y aura beaucoup d’organisations avec un dossier fort qui verront leurs subsides rabotés ou même refusés. Je ne crois pas à une nouvelle réforme imminente, par contre nous allons ressentir les effets des coupes budgétaires liées à celle qui est toujours d’application pour l’instant, vu que la nouvelle réforme envisagée n’a pas encore été approuvée.
Comment vous positionnez-vous par rapport aux dernières restrictions culturelles des mesures du Codeco ?
Oui ce sont des mesures très dures pour le secteur. Je trouve qu’encore une fois on s’attaque au secteur culturel d’abord. On sait bien chez ACV Puls que des mesures doivent être prises, et l’on comprend très bien les difficultés que connait le secteur hospitalier par exemple. D’ailleurs Puls est à l’écoute des travailleurs du secteur médical. On reçoit fort bien leur message. On ressent vraiment la pression qui est la leur. Mais nous constatons avec regret que le secteur de la culture est toujours la première victime des mesures Codeco. Dans la sphère économique, on conserve la liberté de continuer les activités mais dans un monde subsidié comme l’est la culture, les décisions sont toujours prises à l’encontre du secteur. Le monde des experts et du politique estiment qu’elle n’est pas essentielle à leurs yeux. En tant que syndicat nous voulons garder et préserver un filet de sécurité pour les travailleur·ses du secteur.
On fait l’économie de la culture. Parmi vos affiliés, vous avez vraiment beaucoup des gens qui sont en difficulté par rapport aux mesures qui ont été prises ?
Oui, surtout pour les personnes que l’on appelle les travailleur·ses flexibles. Les gens qui ne dépendent pas d’une organisation fixe, mais qui ont différentes missions dans d’autres associations. Des personnes qui voient leurs productions annulées dans certaines structures culturelles. Pour ces personnes, la situation est devenue très compliquée. Des personnes qui n’ont pas le statut d’artiste et donc pas accès à des indemnités ponctuelles de chômage.
D’autres sont des travailleurs indépendants qui n’ont pas droit à ces différentes formes d’aides et qui ont effectivement de très grosses difficultés pécuniaires.
Une personne qui travaille dans une seule organisation, c’est évidemment moins insécurisant, mais elle peut connaitre le chômage temporaire, et perdre ainsi une partie de ses revenus. Les mesures des personnes touchées dans le secteur, sont assez générales. Les travailleur·ses flexibles sont quand même les plus précaires. C’est vraiment spécifique au secteur évènementiel. Pas mal de techniciens de spectacle, de concert etc. connaissent ce genre de situation. Leurs statuts sont un peu atypiques. La crise corona, nous rappelle à souhait que les personnes employées sous ces différents statuts sont toujours les premières victimes quand les choses tournent mal.