Qu’est-ce que la « double fracture » que vous évoquez dans « Une écologie décoloniale » ?
D’un côté, on a une fracture environnementale qui sépare humains et non-humains, nature et culture, que les militants et penseurs environnementalistes traitent généralement en ignorant la dimension coloniale, l’esclavage et la colonisation. De l’autre une fracture coloniale qui distingue les colons (hommes et femmes) des colonisé-es (hommes et femmes), l’esclave du maitre et que les militants et penseurs décoloniaux traitent en laissant en arrière-plan des enjeux proprement écologiques. Ce que j’appelle la double fracture, c’est donc la séparation entre ces fractures coloniales et environnementales. C’est le fait qu’il y a un certain nombre de personnes dans les milieux militants et académiques qui vont se confronter respectivement à chacune de ces deux fractures, sans véritablement se rencontrer ni se prendre en compte mutuellement. Ce qui devient à terme contre-productif.
C’est comme si la modernité avait créé un feu, que certains tentaient de contenir, et donc font de l’environnementalisme, mais sans se soucier de l’organisation sociale et du système politique, en l’occurrence colonial, qui a créé ce feu. Et d’un autre côté, que d’autres voulaient se confronter au système politique et social sans nécessairement voir les conditions environnementales qui rendent possible l’exploitation. Les va-et-vient que je fais tout au long de mon texte prennent la forme d’une écriture que j’appelle suturale, qui vise à panser cette double fracture.
Si cette double fracture, se manifeste par exemple par le constat que le mouvement « écolo » est majoritairement blanc, s’arrêter là n’est pas suffisant. Mon propos consiste aussi à mettre en avant l’importance qu’il y a, pour des personnes qui se sont confrontées historiquement à la question coloniale, à prendre en compte les questions d’ordre environnemental. Non seulement du fait que beaucoup de peuples du Sud et de personnes racisées vont subir de manière exacerbée les enjeux et les effets de la crise écologique, notamment du réchauffement climatique. Et par ailleurs, parce qu’il est impensable d’avoir cette réflexion sur l’environnement ou sur le climat en évacuant tout ce pan de l’histoire.
L’un des buts premiers du livre est de dépasser cette double fracture et montrer que ce dépassement peut produire une écologie beaucoup plus forte et plus populaire, en termes de classe, race, et de cultures. C’est une conviction qu’un autre monde est possible. Mais avec l’attention que la possibilité de cet autre monde exige nécessairement la rencontre de toute la diversité de la terre. Cet autre monde possible ne peut en effet pas être réservé à un ensemble de personnes qui l’inventent pour elles-mêmes, car s’il est inventé sans celles et ceux qui peuplent le monde, on reproduira cette même exclusion. Mon livre est donc un appel pour faire monde face aux ravages écologiques qu’on traverse aujourd’hui.
À la fin de votre livre, vous proposez trois pistes pour dépasser cette double fracture : les luttes des peuples indigènes, les demandes de réparation suite à l’esclavage et la traite négrière transatlantique, et enfin les demandes de restitution. Ces trois enjeux sont liés à la façon dont l’occident a déshumanisé une partie de l’humanité. Quels sont les effets, aujourd’hui encore, de ce lourd héritage, lorsqu’on en est soi-même descendant·e ?
Il y a cette tâche incommensurable1 pour se reconnaître digne. Parce qu’en fait, quand on vit dans un monde où celles et ceux qui sont détentrices du pouvoir, du savoir et qui sont valorisé·es ne nous ressemblent pas, on est face à ce que Castoriadis appelle la construction imaginaire de la société. Car la société n’est pas seulement faite de ses structures, mais aussi de l’imaginaire qu’elle renvoie. Et l’imaginaire, ce n’est pas l’image de quelque chose, mais c’est ce à partir de quoi il est possible d’avoir une image. Or, en Europe, il y a un imaginaire des peuples de couleur qui est empreint de domination et d’inhumanité. Qu’on pense seulement au zoo humain à Paris en 1931 ou plus récemment aux déclarations d’un ministre sur l’ensauvagement d’une partie de la société !
Cet imaginaire se traduit donc dans les lieux de vie, dans les universités, dans les références qu’on se donne.
Il y a, pour les peuples colonisés et leurs descendants, une forme de reconquête de la dignité de soi à mener. Cela passe par une éducation qui va bien au-delà de l’école et passe par la culture, les sorties, la danse, la musique… Mais ça ne va pas de soi, et ce n’est pas uniquement une démarche individuelle. Je peux avoir, personnellement, une idée de moi comme m’autorisant à dire des choses que je pense intéressantes, mais ça ne va pas changer l’imaginaire, précisément parce qu’il s’agit d’une structure collective. Et c’est pour aboutir à un changement au niveau collectif que les enjeux de justice sont importants. C’est quelque chose de compliqué parce qu’on a admis, dans l’imaginaire, que certains corps n’ont pas le droit à la même dignité, à être respectés de la même façon.
Quand on sait que devant l’Assemblée nationale française trône la statue de Colbert2, c’est-à-dire de celui qui a signé le code juridique qui mettait en esclavage une partie de mes ancêtres, et que cela ne pose pas de problème ; quand on a volé, parfois dans des conditions très violentes un ensemble d’objets d’art à des peuples anciennement colonisés et que cela ne pose pas de problème… et que pour tout cela, on n’a pas de comptes à rendre, au fond, on est en train de dire qu’on peut faire à ces corps-là tout ce qu’on veut.
Dans votre livre, vous évoquez les esclaves qui parviennent à s’enfuir des plantations et devenir des « nègres marrons ». Vous voyez dans leur fuite une manière d’être avec leur environnement qui n’est pas une instrumentalisation de la nature mais un vrai rapport presque d’humilité avec elle, parce qu’il n’y a pas de projet de domination, mais plutôt un abandon. Un moment où les humains s’inclinent face à ce qui sera possible à mettre en place comme collaboration avec son environnement naturel. Vous mettez en avant la manière dont ça constitue à la fois une résistance et la naissance d’un autre rapport, beau et aimant, avec la nature…
Les personnes qui sont, terme peu employé, esclavagisées, ce ne sont pas uniquement des personnes qui ont été mises en esclavage, ce sont aussi des personnes qui ont été arrachées à leur terre-mère, à un univers social, politique, environnemental, spirituel qui leur était familier ! C’est là qu’on crée le Nègre3. Et qu’on crée le « hors monde » avec cette hubris4 déclamée par le pouvoir colonial, que bien sûr il n’a pas réussi à faire, qui consiste à dire qu’on va pouvoir manipuler à dessein le corps. Ce qui fait que ces personnes sont complètement transbordées, pour reprendre l’expression d’Edouard Glissant : non seulement elles arrivent sur une terre qui ne leur est pas du tout familière. Mais en plus elles n’en maîtrisent pas l’organisation : elles sont forcées de travailler là 6 jours sur 7 et à des fins sur lesquelles elles n’ont aucune prise !
Ce que je montre avec le marronnage, c’est qu’il s’agit aussi de retrouver un rapport matriciel à la terre et, d’un autre côté, de se recouvrer en soi, de se découvrir. Ce sont deux processus intimement liés, où d’une part il s’agit de retrouver une terre mère qui nous nourrit, qui protège, abrite et sert de refuge. Et d’autre part, la décision de quitter ses compagnons de labeur est extrêmement difficile, parce que ce sont des conditions où on part littéralement avec ce qu’on a sur la peau sans savoir si on va pouvoir survivre aux intempéries, aux animaux dangereux, aux précipices, à la faim, à l’isolement… On est loin des Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, où dès qu’il pleut il rentre chez lui, y trouve un repas, ne s’occupe pas lui-même de ses enfants… Ici, on est dans quelque chose d’extrême et c’est là qu’il y a une forme de soumission, d’humilité où, quelque part, je m’incline devant cette terre qui va m’accepter ou pas, cette terre qui pourra me permettre de survivre ou pas. Ce processus de matrigenèse, c’est-à-dire du redévelopperment d’un rapport à une terre mère, va de concert avec ce que j’ai appelé la métamorphose créole. Il s’agit de ce moment où l’esclave n’est plus esclave, où le Nègre n’est plus Nègre, mais où l’on se redécouvre un corps qui peut servir à d’autres choses que la plantation, l’exploitation coloniale et capitaliste. J’ai voulu souligner le fait que l’émancipation contre l’esclavage passait par un autre rapport à la terre.
Ça peut paraître très éloigné des enjeux écologiques actuels, mais en fait, ça ne l’est pas tant que ça. Ainsi, aujourd’hui, on sait que si on prend un échantillon de votre sang et de mon sang, on va y trouver un ensemble de molécules de pesticides. Or, ni vous ni moi n’avons choisi d’avoir ces pesticides dans le corps. Les entreprises comme Monsanto qui ont pour seul projet de faire du profit et non de nourrir, et vont donc développer des formes d’agricultures industrielles, pour que ça aille plus vite. Ce sont nos corps qui portent les traces de ces décisions qui nous échappent. Paradoxalement, retrouver une autre agriculture, une alternative à la consommation, à la production, et donc développer un autre rapport à la terre, c’est ce qui permet en retour de développer un autre rapport à nos corps.
Au sujet de la relation matricielle avec la terre, vous encouragez à emprunter « les chemins ombilicaux du monde », pouvez-vous en dire quelques mots ?
Je vais prendre un exemple simple : on a l’impression que, quand on coupe un arbre, la relation qui se passe à ce moment-là ne concerne que la personne et l’arbre à un moment T, alors qu’en fait, on est déjà dans des relations intergénérationnelles. Non seulement par ce dont on hérite, mais aussi par ce qu’on rend possible ou ce qu’on ne rend pas possible. Et aujourd’hui, on a un ensemble de personnes, ou en tout cas d’entreprises multinationales, qui sont dans une guerre contre les générations futures.
Cette invitation à suivre les chemins ombilicaux du monde, c’est une manière d’alerter sur ce fait, de compléter la démonstration en faisant sentir : comment peut-on autoriser le fait que dans les cordons ombilicaux, il y ait des agents contaminants ? Là on touche à quelque chose de profondément matriciel, l’ombilic. Et à travers ça, je tente de montrer que c’est une manière de naviguer dans l’histoire, le passé et le futur, qui montre des relations, qui montre que nous sommes liés. C’est un appel à travailler sur ces chemins et à travailler les relations, à la fois environnementales et sanitaires, mais aussi sociales et politiques.
L’image du navire négrier, qui ouvre chacun des chapitres de votre livre, éclaire de manière incarnée que ce que nous sommes aujourd’hui ne vient pas de nulle part, et que la place de certains, si elle est déniée aujourd’hui, est le fruit d’un héritage. Cet héritage nous vient de ce que vous nommez la politique de la cale. Que recouvre cette notion ?
C’est effectivement l’idée d’un héritage du monde d’avant et annonciateur du monde à venir. Quand on fait de la philosophie, on travaille avec un certain nombre de concepts, eux-mêmes ancrés dans des scènes d’expériences qui parfois occultent d’autres expériences. C’est aussi le cas de l’écologie. Il faut avoir en tête que de la Renaissance au 20e siècle, un ensemble de philosophes, penseurs, universitaires, vont mener leurs travaux dans l’université en étant persuadés qu’il y a une hiérarchie raciale dans le monde. Et ils vont faire leurs travaux en étant rassurés sur le fait que le monde est fait comme ça : ce qui permet à Hegel de dire qu’une partie de l’Afrique n’est pas entrée dans l’histoire, et qu’un ensemble de philosophes des Lumières tiennent certains propos racistes. Mais je suis prêt à parier que si Kant était né en Martinique, il aurait eu d’autres perspectives sur certains de ses concepts.
Et c’est ce que j’ai voulu faire en partant du navire négrier, et c’est pour ça que je me suis intéressé non seulement de manière empirique, historique, mais aussi conceptuelle à ce qui s’est passé.
C’est-à-dire de voir que le navire négrier, ce n’est pas seulement un navire, c’est aussi l’invention d’une exploitation, d’un certain rapport. C’est ça « la politique de la cale » : un certain type de relation qui s’inaugure par l’absence d’adresse, de dialogue. Dans la cale du navire négrier, la personne est mesurée, mise en chaine, et voilà. Ça va au-delà de l’altéricide tel qu’il a été fait aux peuples indigènes où l’on était dans un « je tue l’autre ». Dans ce cas, il y a au moins eu une adresse de faite, et qui a inauguré la relation du colon européen blanc au peuple indigène. Il y a une reconnaissance minimale d’une altérité.
La politique de la cale, c’est donc le refus du monde comme relation : je te maintiens juste en dessous de moi, sous le pont, je n’ai pas besoin de m’adresser à toi ou de te considérer comme un autre, même si tu es autre. C’est cette politique où on va continuellement refuser l’accès et la participation au monde, refuser l’accès au pont et au plein air, tout en désirant l’exploitation, y compris sexuelle, des corps de ces hommes et de ces femmes, et surtout de leur force de travail et capacité de reproduction. Et c’est cette espèce de situation où on est ni l’autre indigène, ni le même européen, on est dans cet espèce d’hors-monde qui en même temps rend possible le monde du colon.
Dès lors que l’on comprend que la cale n’est pas uniquement un dispositif technique maritime qui a eu lieu du 16e au 19e siècle, mais aussi un mode de relation, alors on peut comprendre que ce mode de relation s’étende bien au-delà des bornes du début de l’esclavage transatlantique négrier et des abolitions, que cette politique de la cale peut avoir lieu encore, et qu’il faut œuvrer contre.
Quand on regarde la condition des travailleurs sans papiers, aujourd’hui, c’est exactement ça : ils n’ont pas de papiers, on peut les expulser, même s’ils fuient des situations extrêmement violentes, situations d’ailleurs parfois entretenues par les pays dans lesquels ils vivent ! J’ai voulu identifier ça et aussi identifier ces concepts mais à partir de cette histoire, et dire aussi que cette histoire est porteuse de concepts. C’est là tout le sens de dire qu’on peut penser avec un autre monde. Le jeune Descartes, n’avait peut-être pas besoin de réfléchir à la politique de la cale, mais quand on veut philosopher depuis le monde caribéen et bien ça passe nécessairement par là !
Les Nègres d’aujourd’hui, celles et ceux qui sont hors-monde. Est-ce que ce sont non seulement les êtres humains, mais également tout le monde du vivant dont le système dominant n’a pas besoin ?
Quand on y regarde de près, certains éléments de la nature et du vivant (les plantes, le sol, la terre, les animaux) sont exactement traités comme Nègres : on va exploiter ce qu’ils ont à offrir comme énergie, comme nourriture tout en leur niant certains droits, tout en leur niant une certaine considération. Ça ne veut pas dire que tous ont les mêmes capacités, ou que toutes les espèces se valent, mais la question est qu’il y a ces éléments du monde vivant qui contribuent à notre monde et pourtant on a un système politique et juridique qui a encore du mal à leur reconnaitre une considération.
Prenons le cas des pesticides en Martinique et en Guadeloupe, où on a contaminé non seulement des ouvrièr·es agricoles mais aussi des terres, des écosystèmes, des poissons, des bovins, des plantes, avec une molécule toxique, la chlordécone. Face à cette situation, on a un système qui dit que ce n’est pas grave, qu’on n’a pas besoin de rendre des comptes et donc on les maintient dans un hors-monde. On se rend compte que certain·es ouvrier·es agricoles ont été traité·es exactement comme a été traitée la terre, qu’il y a une continuité. Ça devient une sorte de monde nègre qui alimente l’habiter colonial.
Vous insistez d’ailleurs pour reconnaître l’écocide lié à la traite, au cours de laquelle des pans entiers de terres ont été décimés à des fins de monocultures (sucrière notamment) qui seront cultivés par des femmes et hommes arraché·es à leur terre.
La petite perche que je tends aux historiens de l’esclavage et de la colonisation, même à ceux qui demandent réparation, c’est qu’il faut en même temps reconnaitre que ça a été aussi un bouleversement de la nature : des espèces ont disparu parce qu’on a détruit leur espace de vie. Aussi, j’ai envie de déranger un peu : ce n’est pas parce qu’on hérite de cette histoire, que nos ancêtres ont été esclavagisé·es, et colonisé·es que pour autant, nous ne devons pas repenser le rapport que l’on a aux non-humains. Notamment tout ce qui touche à la production et la consommation de viande. Au contraire, c’est précisément parce qu’on est descendant·es d’esclaves et de colonisé·es que l’on doit pouvoir avoir une certaine empathie pour ces êtres sensibles, qui sont mis en esclavage. Là aussi il y a quelque chose à repenser.
D’où votre formule, entre les humains et avec les non humains…
Oui, parce qu’on n’habite pas la terre qu’entre humains ! Il y a aussi, en plus, tout ce qu’on ne voit pas, les esprits, les âmes, les cosmogonies. À quoi bon être libéré·e des chaines si finalement il n’y a plus de terre, plus de forêts, plus d’espaces où vivre ? L’industrie de la viande est une industrie esclavagiste. Je ne peux pas critiquer le traitement de mes ancêtres qui étaient dans la cale d’un négrier, tout en reproduisant cette même relation avec des poules et des bœufs en cage, sans compter les enjeux sanitaires et environnementaux puisque ce sont des élevages polluants, émetteurs de gaz à effet de serre, etc…
Entre les « Nègres d’hier », sortis de la cale des négriers, et les « Nègres d’aujourd’hui », qui sont toutes celles et ceux qui sont, comme vous l’écrivez « dans les cales du monde » et n’ont pas accès au pont du bateau, que dit-on de celles et ceux qui se révoltent ? Assiste-t-on aussi, dans une certaine mesure, à leur déshumanisation ?
La première réaction du pouvoir et des gouvernements en place qui sont pour le système en place, c’est de vilipender, de diffamer. Il y a tout à fait déshumanisation. Et c’est frappant, aujourd’hui en France, on a un président de la république, Emmanuel Macron, qui condamne l’anti-racisme ! Je ne me situe pas du tout dans ces personnes qui vivent dans des conditions indignes, mais je vois que le fait de dire certaines choses qui dérangent ouvre la voie à un certain nombre de critiques. En France, les décoloniaux sont décrits comme des « non citoyens », des sécessionnistes, des anti-universalistes, ceux qui sont contre la République…
Quand j’ai écrit mon livre, j’ai anticipé le fait que j’allais perdre un certain nombre d’interlocuteurs. Quand on vient bouleverser un état de fait, on doit s’attendre à ce que certains ne soient pas contents de ce bouleversement.
Toutes celles et ceux qui ont porté des luttes et fait des choses remarquables ont un moment donné été face à ces oppositions-là. Ce serait peut- être illusoire de se dire qu’aujourd’hui, n’importe quelle révolte rencontrerait l’assentiment. Que ce soit la classe ouvrière, les travailleurs sans papiers, les femmes de ménage, les migrants, les écologistes, la première réponse est non ! Donc, il y a toujours une lutte et dans la lutte : il y aura forcément ceux qui vont décrire les résistants comme étant des fous furieux. Ce n’est pas grave !
- Référence à une phrase reprise dans les remerciements, en fin de son ouvrage : « Dans un monde moderne qui n’a cessé de rappeler l’infériorité de celles et ceux avec qui je partage une peau Noire, c’est une tâche incommensurable de se découvrir digne d’amour, doué de parole et capable de penser » p. 413.
- La statue de Colbert, qui a été aspergée de peinture rouge et taguée « négrophobie d’Etat » par un membre de l’association « Brigade anti-négrophobie », en juin dernier à Paris.
- Le « Nègre » est une construction de l’occident esclavagiste qui réduit à l’état de non humain hier les esclaves et aujourd’hui toutes celles et ceux qui ne sont pas « utiles » au fonctionnement de la société marchande.
- Hubris signifie « démesure », « excès ».
Malcom Ferdinand, Une écologie décoloniale, Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Le Seuil, 2019