
Comme le notait avec beaucoup de sagacité Marc Ysaye, rockologue, à l’époque employé par la RTBF, l’irruption d’XR Rebellion au Salon de l’auto était in-to-lé-rable. De son studio où il présentait ses Classiques, il s’insurgeait contre le dérangement causé à cette remarquable activité, où l’on ne sait où regarder tant elles sont belles – on parle des voitures, pas des hôtesses. Encore que…
Depuis l’Ysaye, homme de conviction, est passé au MR pour, dit-il, lutter contre le wokisme qui, il est vrai, commence tout doucement à nous les briser menu.
Rebellion donc, puis il y a aussi un machin qui s’appelle « Code Rouge » et qui organise des trucs pour protester contre tout et n’importe quoi : l’aéroport de Gosselies, le site de Total Energies à Feluy ou d’Engie à Saint-Ghislain et tout ça « en enfreignant volontairement la loi pour attirer l’attention », c’est RTL qui le dit. Donc c’est vrai.
Y’a aussi Youth For Climate (ça a des liens avec un aut’machin : Friday’s For Future) et si on dit « Greta Thunberg », on sait de quoi on cause. Maintenant qu’elle n’engueule plus les Nations-Unies, elle se fait arrêter tous les trois jours au nom de la désobéissance civile. Ah oui, parce que c’est leur truc ça. Se mettre dans l’illégalité pour dénoncer l’injustice : va‑t’en comprendre.
En dehors de tous ces mouvements, et on en passe beaucoup parce que c’est une véritable internationale des emmerdeurs, y’a aussi les manifs thématiques. Et que je m’en vais protester près de centrales nucléaires, et que je m’insurge contre l’enfouissement des déchets radioactifs, et que je ne suis pas content du tout qu’on réserve de l’eau – avec des mégabassines ou un p’tit barrage — pour l’agriculture (vont manger quoi après ces andouilles ?), et que je te fais une ZAD (« zone à défendre ») ici, et une autre là-bas pour protéger trois grenouilles, et que je ne veux pas de cette autoroute-là, et que cet aéroport fait trop de bruit et pollue…
On n’en finirait pas d’énumérer les sujets qui les fâchent. Que si on les laissait faire, nous, on pourrait plus rien faire. On deviendrait tous woke – en fait, j’sais pas trop ce que ça veut dire, mais j’sens bien que c’est plutôt pénible. Ça doit être genre je prends un vélo plutôt que ma voiture et la prochaine fois que je vais en Thaïlande, c’est à la rame ou sans doute en voilier – j’ai que ça à faire bien sûr ! ça doit être bourré de végétariens en plus.
Jusqu’ici ça a pas trop l’air, mais cette agitation incessante, ça commence à drôlement sentir mauvais : on sait que ça colonise d’abord les (pauvres d’)esprits et que ça finit par des cocktails Molotov sur la tête des forces de l’ordre. Et des sabotages.
Tout ce bazar porte un nom : terrorisme. Ou pour être clair : écoterrorisme. Faut pas chercher loin : jeter de la soupe ou de la purée sur des tableaux de Van Gogh et Claude Monet, dégonfler des pneus de bagnoles qui ne plaisent pas à ces messieurs — dames, ou reboucher des trous de parcours de golf : vous appelez ça comment ? Ma G 580 (tout électrique) a été sabotée et je ne peux pas me rendre sur mon parcours de golf hebdomadaire (en plein air, que c’est bon pour la santé, pourtant). De toute façon, y serais-je parvenu que je n’eusse pu jouer : ces dingos ont rebouché les trous ! Des écoterroristes, vous dis-je.
En France, on l’a bien compris d’ailleurs. Cet excellent Castaner, ex-ministre de l’Intérieur, a créé au sein de la gendarmerie une cellule dite Déméter (la déesse grecque de la Terre) chargée de mettre bon ordre chez tous ces agités. Déméter s’occupe de protéger les agriculteurs : en les conseillant afin de sécuriser leurs exploitations – on en est là ! – et en menant des actions de renseignement avec un suivi judiciaire des affaires. Déméter lutte de façon générale contre les actes crapuleux et les actions de nature idéologique.
Moi, j’suis pour la liberté d’expression : ces allumés ont leurs journaux, papier ou en ligne, leurs blogs, leurs tracts. Libre à qui veut d’aller lire ces âneries. Mais qu’on enfreigne la loi, qu’on bloque, qu’on dégrade, je dis non : Stop au terrorisme ! Et donc, sur le merveilleux modèle de Frontex, qui en fait du boulot !, à quand une cellule Gaïa contre l’écoterrorisme en Europe ?