Quand vous étiez Bourgmestre, y a une initiative que vous aviez plus particulièrement soutenue ?
Non, parce que je pense que dans le domaine sportif, culturel ou social, le but c’est de développer un paysage très riche. Certes, Il faut multiplier la diversité artistique, mais il faut aussi conserver des initiatives très proches des gens, moins élitistes et plus « participationnistes ». Culturellement, beaucoup de choses ont changé quand Anvers a été désignée Capitale culturelle de l’Europe en 93. Je pense que lors de mon mandat mayoral, nous avons apporté des éléments complémentaires à la Culture, de l’ordre de la participation citoyenne, une diversité nouvelle.
Quel est le rapport de la ville d’Anvers vis-à-vis de Bruxelles ?
En tant qu’Anversois, d’une manière ou d’une autre, Bruxelles est quand même un peu l’ennemi. Plus personnellement je regarde Bruxelles comme une ville avec une histoire riche et un potentiel énorme. Si je devais me prononcer sur Bruxelles, je dirais qu’il faudrait plus de collaboration entre les 19 communes, une organisation centralisée des différents services communaux. Pour ce genre de choses, il faut une vision un peu plus pragmatique qui n’est pas très idéologique mais justes pratico-pratique.
Plus généralement, comment évoluent selon vous les dynamiques urbaines ?
La grande nouvelle depuis 2000, dans quasi toutes les villes, c’est qu’elles voient leur population augmenter. Il y a donc une nécessité de construire plus. Tous les endroits libres dans la ville seront un jour construits s’ils n’ont pas d’affectation spécifique. A Bruxelles, à Charleroi ou à Liège comme à Anvers et Gand, il existe beaucoup d’anciennes zones (industrielles) appartenant à l’armée ou à la SNCB, devenues vacantes. Il faut les développer en nouveaux quartiers, avec assez d’espaces publics, de parcs, de mobilité de telle manière que la ville puisse loger sa population grandissante.
Les gens viennent à la ville pour améliorer leur vie, ils venaient de la campagne, maintenant, ils viennent de l’autre bout du monde mais c’est le même processus. Mais dès qu’on a réussi, après deux ou trois générations, on quitte la ville. La ville fonctionne comme une machine à émanciper. Mais en même temps on ne réussit pas à créer une qualité de vie suffisamment élevée pour garder les gens émancipés dans ces villes. Ce qui affaiblit fortement les villes d’un point de vue financier et social. C’est d’autant plus le cas en Belgique, premier pays par son réseau ferroviaire ou par la densité de ses autoroutes, où tout est organisé pour que vous puissiez continuer de vivre dans votre petit village en bénéficiant à distance de la ville. Vous venez en ville pour étudier, travailler, faire du shopping, aller au théâtre mais ensuite vous rentrez chez vous. Résultat : pour fuir la ville les gens ont fait de la Flandre, une grande ville. Sauf peut-être au Limbourg où il existe encore beaucoup d’espaces verts.
Comment enrayer ce phénomène ?
Pour éviter la désertification des villes, il faut d’abord que le logement soit abordable, et de bonne qualité. Ensuite, Il faut embellir l’espace public : les rues, les places, les parcs, les quais,… C’est très important parce qu’il y a une telle densité de gens qui vivent ensemble dans un espace assez réduit, qui ont peu d’espaces extérieur chez eux. Enfin, il faut éviter que nos centres-villes soient surtout orientés vers la mobilité automobile. Ce n’est pas une position anti-voiture. J’ai une voiture mais je ne la mets pas dans mon living. On agit avec nos villes comme si l’on mettait notre voiture dans notre living.
Vous quittez définitivement la politique ?
Probablement oui. Je continue mon mandat au Parlement flamand jusque l’année prochaine. Après je n’ai pas décidé si je posais encore ma candidature ou pas.
Je pense honnêtement qu’après avoir eu la chance d’être bourgmestre d’Anvers pendant dix ans, je ne trouverais pas un poste en politique plus intéressant. On a selon moi, beaucoup moins de liberté en tant que ministre fédéral ou flamand qu’en tant que bourgmestre. Et devenir bourgmestre de Bruxelles est peut-être une ambition peu réaliste (rires).
Quels sont vos projets futurs ?
Je vais donner cours à l’université d’Anvers et de Louvain au Département d’urbanisme. J’espère également préparer un doctorat au Département des grandes villes à la London School of Economics. Et enfin, à Anvers, la Faculté d’urbanisme crée actuellement un Institut de développement urbain, sa mission visera l’accompagnement urbanistique des villes et des communes en Flandre, en Wallonie ou à l’étranger. Je souhaiterais utiliser l’expérience anversoise et voir si son application est transposable à d’autres villes.
Qu’est-ce qui manquerait à Anvers selon vous ?
Une grande équipe de foot qui pourrait concurrencer Anderlecht ! Avec beaucoup de regrets je ne suis pas arrivé à construire ce projet. C’est un élément d’intégration sociale pour les différentes couches de la population. C’est vraiment un élément rassembleur. C’est apprendre aux jeunes dès leur plus jeune âge qu’il vaut mieux travailler ensemble pour réussir. C’est aussi respecter les règles, sinon il y a un arbitre qui sanctionne. C’est une métaphore pour la vie dans une société tellement forte et éducatrice.