« Big Brother is watching you », ce célébrissime slogan est tiré de 1984 de George Orwell, son roman dystopique le plus célèbre. Il est depuis ce début 2021 tombé dans le domaine public. Cela a provoqué une multiplication des adaptations, rééditions et retraductions qui traduit un grand engouement autour de ce livre culte qui n’est pas sans rappeler certains aspects de notre monde actuel. Il n’est pas inutile de savoir que 1984 avait été traduit dès 1950 en français aux éditions Gallimard mais dans une version tronquée de 42 phrases et parties de dialogue. En 2018, l’éditeur en publiait une nouvelle traduction (réalisée par Josée Kamoun) certes plus complète, mais dans laquelle la traductrice avait décidé de traduire « novlangue » par « néoparler » et « police de la pensée » par « mentopolice », et ce, précisément au moment où le concept de novlangue devenait utile et pertinent dans la prise de conscience de l’importance des mots dans la vie politique. Ces choix ont incité l’éditeur Thierry Discepolo et la traductrice Célia Izoard à y voir une « entreprise d’orwellisation au sens de destruction de la langue au point de rendre le monde incompréhensible ». Bref, il n’est pas exclu de penser que nous avons enfin sous la main une bonne traduction pour relire cette dystopie alors que partout nos vies numériques et physiques sont verrouillées et surveillées ! Pour être complet, mentionnons aussi la parution de plusieurs romans graphiques d’une haute valeur esthétique dont les remarquables versions de Fido Nesti (chez Grasset) et celle de Xavier Coste (aux éditions Sarbacane). (OS)
Olivier Starquit1984
George Orwell
Traduction de Célia Izoard
Agone, 2021