Autrice à la fois de Croire aux fauves (Verticales, 2019), récit de son improbable rencontre avec un ours qui l’a marquée tant physiquement qu’intellectuellement, et d’un premier essai Les Ámes sauvages (La Découverte, 2016), publication de sa thèse de doctorat réalisée en Alaska auprès du peuple Gwich’in, l’anthropologue Nastassja Martin revient avec À l’Est des rêves. Ce troisième ouvrage est une monographie d’un collectif Even du Kamtchatka (en Sibérie) qui a délibérément refusé la « modernité » et les politiques d’assimilation du projet soviétique pour renouer avec un mode de vie autonome basé sur la pêche, la chasse et la cueillette. Dans À l’Est des rêves, Nastassja Martin développe comment la cosmologie animiste de ce collectif offre une réponse aux crises environnementale, économique, politique que nous traversons : dialogue avec les animaux et les éléments, réapparition d’histoires mythiques pour donner sens à l’instabilité écologique, rêver « avec d’autres » afin de rétablir les relations appauvries durant l’ère soviétique. Ce livre, où s’alternent de façon intelligente et souple scène de la vie quotidienne et développement théorique, révèle qu’une toute autre façon d’être au monde, sensiblement différente de l’approche naturaliste pensée en Occident, est possible. La lecture de À l’Est des rêves a ceci d’essentiel qu’il remet en question les manières de vivre et de penser occidentales et qu’il fait l’exposé d’une réponse originale et sensible à la crise climatique que nous subissons toustes.
Claire CorniquetÀ l’est des rêves - Réponses even aux crises systémiques
Nastassja Martin
La Découverte, 2022