Joëlle Sambi publie son premier ouvrage dans la belle collection Les deux Sœurs de la non moins belle maison L’Arbre à Diane. Et des « Caillasses », on en prend plein la figure ! Joëlle Sambi, on la connait militante, slameuse, performeuse, sur scène dans Fusion cet été aux Doms au festival d’Avignon ou dans le poignant Congo Eza mis en scène par Rosa Gasquet et qui tourne depuis quelques années à travers la francophonie. Aujourd’hui, nous la découvrons poétesse, autrice et c’est une sacrée claque. Elle nous balance son verbe acerbe, ses adjectifs acérés, ses noms propres qui suintent d’une rage qu’on sait légitime. Un recueil disruptif qui perturbe, casse et rompt avec l’existant pour tout court-circuiter et amorcer la révolution. En quelques lignes introductives, elle plante le décor et se situe dans cet « inconfort de ne pas être dans la team, pas saisir le game, de ne jamais vraiment être tout à fait complètement entière. Ici trop noire, là-bas pas assez. Ici trop grande gueule, là-bas pas assez femme » avant de nous emmener au fil de ses vers combatifs et puissants dans un voyage dans son, dans notre monde. Ponctués de termes lingalas (heureusement traduits) qui ancrent le récit et des illustrations de la graphiste-sérigraphe Maïc Batmane, ils portent en eux ces luttes que mènent l’autrice, mais ils transpirent aussi d’amour pour son pays, d’affection pour ses sœurs et de tendresse pour toustes celleux qui vivent l’oppression au quotidien. Ou comme le dit Lisette Lombe dans sa préface « Petit morceau de sucre trempé dans un café qui décape. »
July RobertCaillasses
Joëlle Sambi
L’arbre de Diane, 2021