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Nous sommes en mars 2011, la réalisatrice Sarah Moon Howe, psychopédagogue et stripteaseuse dans une autre vie, présente en Ukraine un documentaire sur l’épilepsie de son fils. C’est lors de cette présentation qu’elle fait la connaissance d’Andrii Fedosov, atteint lui-même d’épilepsie, par ailleurs fervant défenseur des droits humains et de ceux des handicapés. Andrii raconte alors les conditions effroyables d’internement des patients, les mauvais traitements dans les hôpitaux psychiatriques ayant été lui-même interné dans ces établissements parce qu’il souffrait de crises d’épilepsie. Sarah Moon Howe se laisse entraîner dans ce tourbillon cinématographique. Elle filme l’interdit et décide d’aider le jeune homme à obtenir le statut de réfugié politique en France. Mais elle s’éloigne de plus en plus de son sujet de documentaire initial et décide alors de couper sa caméra. Trois ans plus tard, elle apprend la mort d’Andrii et cherche à savoir. Car certains disent qu’il n’est pas mort, qu’il n’est pas dans le cercueil, quelle est cette part de mystère qui rôde autour d’Andrii. S’est-il suicidé, l’a‑ton tué ? Lui qui était abandonné par ses parents et élevé par sa grand-mère et homosexuel dans un pays intransigeant sur ce qui lui semble sortir de la « normalité ». Ce documentaire réussit un tour de force, celui de remettre en question la véracité des faits et la manipulation dont les médias sont parfois victimes, eux aussi. Entre étrangeté, mal-être, incompréhension, suspens, mensonge, ce documentaire laisse l’imagination, notre imagination au pouvoir. Le pouvoir d’interpréter librement une fin ouverte sur un univers ténébreux. « Celui qui sait, saura qui je suis », un titre bien à propos.
Sabine BeaucampCelui qui sait, saura qui je suis
Un documentaire de Sarah Moon Howe
2017, Y.C Aligator film