L’ambition poursuivie par ce nouveau numéro de la revue Alternatives Sud est de dresser un panorama sociopolitique global du Congo (RDC), dans ses configurations internes comme dans ses rapports avec le reste du monde. Les auteur·trices des dix articles rassemblés, tous·tes congolais·es, s’emploient à mettre au jour et à analyser les évolutions comme les facteurs de reproduction du champ politique congolais et de l’action publique à l’échelle nationale et internationale. Le fonctionnement du système politique congolais parait ne pas avoir changé sous Tshisekedi, en dépit de la rupture d’alliance avec le clan Kabila. Comme l’analyse dans sa contribution le sociologue Georges Kasongo, le président demeure la clé de voûte du jeu politique, autour de laquelle se construisent, par le truchement de transactions informelles, les réseaux d’élites politiques donnant accès aux positions qui permettent d’accumuler richesse et prestige. « À l’entame du second mandat de Félix Tshiskedi, des élites politiques inamovibles, datant des républiques passées, jusqu’à celle du très décrié maréchal Mobutu, se retrouvent aux manettes de toutes les institutions, y compris au sein du gouvernement, en contradiction avec la volonté proclamée de rompre avec les tares du régime passé.» précise ainsi Kasongo. Si les voies d’accès au champ du pouvoir se sont complexifiées, les logiques politiques sont restées inchangées. La RDC fait l’objet d’un intérêt renouvelé, lié au risque de régionalisation de la guerre du M23 à l’Est – l’un des cent groupes armés actifs dans les provinces de la façade orientale du Congo — et aux conditions de l’extraction de minéraux cruciaux pour la transition énergétique.
Congo (RDC) - reproduction des prédations
Alternatives Sud, vol 31
Cetri / Syllepse, 2024