
Dans Cookie Clicker, vous vous retrouvez à la tête d’une fabrique de cookies et, en choisissant parmi les très nombreuses options à votre disposition, vous augmentez la production de cookies en milliers et rapidement en millions de milliards. Est-ce seulement un jeu vidéo et comment imaginer, avec si peu de mécanismes, un propos ? Cookie Cliker est le jeu le plus fameux du genre idle game (jeu inactif) ou jeu incrémental, apparu au début des années 2000. Un genre particulier qui donne le plus souvent une position passive au joueur, réduit à cliquer occasionnellement pour attribuer les productions que le jeu génère seul avec le temps. Cookie Clicker contient-il de quoi faire un jeu ? En est-ce même seulement un puisqu’il réduit l’une de ses principales spécificités, l’interaction, à quasiment rien, favorisant l’inaction au profit du temps d’attente ? Par ces seules questions, Cookie Clicker avance déjà un propos sur la définition de son média ainsi que sur les logiques d’accumulation qui y sont souvent défendues. Car Cookie Clicker mise sur le vertige de la progression constante, de la vacuité de la récompense permanente et du conditionnement du joueur par le clic. Son génie tient dans son équilibre entre l’amusement réel qu’il procure et son ironie mordante sur la culture du travail défendue par de nombreux jeux vidéo : jouer longtemps pour gagner des récompenses qui permettent de continuer à jouer… Il n’est pas non plus interdit d’y voir une critique acide du capitalisme, obsédé par l’accumulation de biens qui donnent une sensation de progression tout en nous laissant vides afin de continuer cette accumulation.
Julien AnnartCookie Clicker
Orteil, France, depuis 2013
Navigateur, Mobile et PC