Dans ce documentaire tourné entre 2015 et 2017, Myrna Nabhan part à la rencontre des habitants de Damas afin d’apporter un regard différent sur la vie quotidienne de ceux-ci qui tentent de survivre malgré la guerre en Syrie. Bien que la visée, très subjective, de la réalisatrice ne se veuille nullement politique, un point de vue quelque peu plus engagé aurait été souhaitable au vu du sujet traité et de certaines questions soulevées mais peu approfondies. Et pour lesquelles aucune piste de réponse n’est explicitement proposée : l’Islam, le rôle de la femme, l’éducation, l’avenir des générations futures, la lutte contre le terrorisme, les conditions de vie difficiles,…
Néanmoins, à travers les témoignages des Damascènes issus de diverses classes sociales et culturelles, le film met en évidence une problématique importante : l’impact du conflit sur l’inconscient collectif, animé par une force de vivre mais épuisé physiquement et psychologiquement. Car si Damascus tente avant tout de mettre en lumière l’espoir qui permet à de nombreuses victimes de vivre et d’agir, force est de constater que c’est surtout la peur, plus profondément ancrée, qui permet à la population de tenir, contrainte d’accepter, de s’acclimater et d’intégrer la guerre et ses conséquences dans leur quotidien. Or, au-delà de l’espoir, oppression, souffrance, violence ne sont-elles pas les véritables moteurs d’adaptation humaine dans ce conflit syrien ?
Certes, se distancier des images d’horreur et de violence traditionnellement montrées permet d’apporter une vision moins dramatisante de la vie des habitants de Damas que l’espoir semble d’apparence faire sourire ; mais cela ne devrait tout de même pas banaliser la situation d’une ville aux mains d’un régime répressif et dictatorial.
Géraldine CierzniewskiDamas, Là où l’espoir est le dernier à mourir
Un documentaire de Myrna Nabha, 2018