
Vous prenez cinq député·es issu·es de l’Assemblée nationale, en France. Vous les rassemblez sur un groupe de discussion, via l’application Whatsapp. Le but : décrire le quotidien vécu dans l’exercice de leur fonction en tant que représentant·es du peuple. S’en suivent 600 messages et plus de 10 heures d’enregistrements vocaux. Un exercice journalistique atypique, mené par Anne Soetemondt, reporter au service politique de France Inter. En-dehors de la fâcheuse et désagréable obligation d’entendre les propos d’une élue d’extrême droite – le cordon sanitaire faisant office d’inconnu au bataillon français – ce podcast en 7 parties offre une intéressante immersion dans les cénacles politiques de l’Hexagone. Certains dossiers sont propices à des alliances, d’autres deviennent sources de profonds conflits, tel que celui de la réforme des retraites. On se congratule, on s’invective, on se critique autant qu’on se complait. En se prêtant au jeu, il est palpable que les élu·es souhaitaient par-là montrer – ou plutôt faire entendre — leurs facettes les plus humaines, tentant tant bien que mal de trouver un équilibre ténu entre vie privée et vie publique. De démontrer que le·la député·e n’est pas cette personne qui dort sur les sièges du parlement. Et de fait : le rythme de vie est éreintant, entre la volonté de suivre ses dossiers tout en gardant un lien parfois obligé avec le terreau local, histoire de maximiser les chances d’être plus tard réélu·e. Mais force est de constater que le pari est perdu : cette immiscion dans le quotidien surchargé des représentant·es du peuple démontre qu’ils et elles n’en portent plus que le titre. En effet, représenter une partie de la population, être au fait de leur quotidien, apparait illusoire et pour le moins incompatible avec les logiques électorales qui sont à l’œuvre.
Pierre VangilbergenDéputés
Anne Soetemondt
France Inter, 2023
Aller vers le podcast