Écologie sans transition

Désobéissance Ecolo Paris

« Ne nous par­lez plus de tran­si­tion ». Tel est le mot d’ordre du col­lec­tif Déso­béis­sance Éco­lo Paris (DEP) qui consti­tue la trame de leur livre, Éco­lo­gie sans tran­si­tion, paru aux édi­tions Diver­gences. Ici, les auteur·rices s’attaquent au dogme de la tran­si­tion et décons­truisent l’injonction à s’en remettre à une « ratio­na­li­té pla­ni­fi­ca­trice et ges­tion­naire » pour nous sau­ver du ravage éco­lo­gique. En effet, DEP fus­tige l’idée que les res­pon­sables du désastre seraient ceux qui détien­draient la solu­tion et, dès lors, refuse caté­go­ri­que­ment de confier le sort de la pla­nète aux gou­ver­ne­ments et grandes entre­prises. On l’aura com­pris, nous avons affaire dans ce livre à une éco­lo­gie de rup­ture, loin des « petits pas » et des « grandes marches » qui ont carac­té­ri­sé, ces der­nières années, les pra­tiques de nom­breux mou­ve­ments éco­lo­gistes. À l’inverse, DEP entend reve­nir à la racine d’une éco­lo­gie comme art d’habiter et de défense des milieux vivants, à l’opposé d’une éco­lo­gie qui entend per­pé­tuer la ges­tion de la nature et, donc, sa domi­na­tion. Manuel de défense, Éco­lo­gie sans tran­si­tion pointe les dif­fé­rentes apo­ries de l’idéologie de la tran­si­tion et, notam­ment, celle qui prend la forme d’un dis­cours moral (« l’écologie du renon­ce­ment »), his­sant la sur­con­som­ma­tion comme pro­blème majeur alors même qu’elle est une consé­quence de la sur­pro­duc­tion, pen­sée et orga­ni­sée par le sys­tème capi­ta­liste. Ain­si, il serait tota­le­ment vain de vou­loir « adop­ter un com­por­te­ment héroïque » pour réduire sa consom­ma­tion indi­vi­duelle – pri­vi­lège de ceux qui ont la pos­si­bi­li­té de renon­cer à une par­tie de leurs biens – sachant que le sys­tème pro­duc­tif, impo­sé à nous, concentre la plus grande part d’émissions car­bone. Ce livre est un appel sans équi­voque à l’action col­lec­tive, seule voie pos­sible pour sor­tir de notre rôle de consom­ma­teur assu­jet­ti et iso­lé et qui pour­rait être résu­mé de la manière sui­vante : plu­tôt que de s’évertuer à limi­ter ses tra­jets en avion, blo­quons col­lec­ti­ve­ment la construc­tion des aéro­ports (et toutes autres décli­nai­sons pos­sibles contre le ravage en cours).

Aurélie Ghalim

Écologie sans transition
Désobéissance Ecolo Paris
Divergences, 2020

Autres Popcorns "Lecture"