
L’éducation populaire ? « Ils n’en ont pas voulu ! » dénonçait fort justement Franck Lepage dans sa conférence gesticulée. « Il faut se la réapproprier ! » revendique l’analyse pertinente que nous propose le sociologue Christian Maurel dans ce récent ouvrage.
À partir d’une définition forte de l’éducation populaire, conçue comme « dimension culturelle du mouvement social qui transforme une puissance de soumission en une puissance d’action », l’auteur situe son actualité au cœur des crises économique, sociale écologique et politique entraînant à la fois des prises de conscience qui invitent à changer le monde et des sentiments d’impuissance qui incitent à ne pas s’y engager.
En rappelant fort pertinemment que l’action culturelle, pas plus que l’action sociale ou politique, n’est pas nécessairement émancipatrice, l’auteur met à jour les contradictions qui traversent les pratiques de l’éducation populaire en France. Il nous invite à vivre l’éducation populaire comme « praxis qui transforme les individus et les rapports sociaux tout en produisant l’intelligence de ces transformations. »
Il précise ainsi de nouveaux défis, qu’il s’agisse de la dimension solidaire de l’économie sociale ou de la dynamique collective rendue possible par le développement des réseaux sociaux virtuels. La lecture des récents évènements, tant en Belgique qu’en Tunisie ou en Égypte, semble illustrer son propos.
L’enjeu de transformation sociale suppose un travail « trans-champ » qui nous impose de faire conflit sur les contradictions. Cette praxis suppose évidemment d’accepter de remettre en question nos pratiques habituelles et consensuelles visant nos publics, nos organisations et nos modes d’action : l’éducation populaire n’est plus toujours là où on l’attend… mais c’est précisément cela qui permet sa puissance d’agir.
Education populaire et puissance d'agir, les processus culturels de l'émancipation
Christian Maurel
L'Harmattan, Coll. Le travail social, 2010