En finir avec l’Europe

Ouvrage collectif

Alors que l’Europe en crise est la proie des poli­tiques d’austérité déci­dées à Bruxelles par des bureau­crates et poli­ti­ciens « d’extrême-centre » sort cet ouvrage qui regroupe 6 textes de poli­to­logues, éco­no­mistes, anthro­po­logues ou socio­logues euro­péens ‑dont Raz­mig Keu­cheyan. Qu’est-ce que « l’Europe » ? Quel est son pro­jet ? Est-elle une « machine à étouf­fer le socia­lisme » ? Faut-il sor­tir de l’euro, qui a favo­ri­sé la finan­cia­ri­sa­tion l’économie et satel­li­sa­tion à l’Allemagne des pays de la périphérie ?
L’Union euro­péenne est, en tant qu’objet poli­tique, deve­nue une source de ten­sions et de réflexions majeures. Les mesures actuelles qu’elle impose semblent illus­trer le chant du cygne d’une machine à néo­li­bé­ra­li­ser les éco­no­mies du conti­nent à tout va. Et pour­tant, ses exi­gences et jus­ti­fi­ca­tions, conti­nuent, mal­gré ses échecs, d’irriguer dis­cours et déci­sions. La crise débu­tée en 2007 a révé­lé une UE capable de faire démis­sion­ner des gou­ver­nants légi­times en les rem­pla­çants par ses tech­no­crates. Un véri­table « césa­risme bureau­cra­tique » pour les auteurs qui indiquent que les biais pro-mar­ché et anti-démo­cra­tiques ont été pré­sents dès sa mise en place et en consti­tuent l’horizon. L’idéologie euro­péenne, « l’européisme », qui domine dans les ins­ti­tu­tions, se base en effet sur l’ordolibéralisme, une varia­tion aus­tère du libé­ra­lisme né en Alle­magne. Tout au long de sa mise en place, elle aura fait montre de défiance envers la sou­ve­rai­ne­té popu­laire et d’une concep­tion res­tric­tive de la démo­cra­tie qui fera naître « une culture pro­cé­du­rale qui neu­tra­lise les choix poli­tiques sous cou­vert d’une ges­tion tech­no­cra­tique saine et ver­tueuse. » (S. Kou­ve­la­kis). Alors que de plus en plus de pen­seurs et mili­tants à gauche mettent en cause l’Euro voire l’UE, ce col­lec­tif de pen­seurs vient ajou­ter une voix au débat et en arrive, ques­tion encore taboue actuel­le­ment, à se deman­der si une sor­tie de l’euro et une rup­ture d’avec l’UE ne seraient pas les condi­tions néces­saires à la réa­li­sa­tion d’une véri­table autre union euro­péenne. Une Europe qui pour être sociale doit mettre autre chose au centre du jeu que la « concur­rence libre et non faus­sée » entre indi­vi­dus, entre­prises et pays. Par exemple, la coopération.

Aurélien Berthier

En finir avec l’Europe
Sous la direction de Cédric Durand
La Fabrique Éditions, 2013

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