Existantes

Cécile Gagnon & Marie-Anne Casselot

Qu’est-ce que l’investigation phi­lo­so­phique fémi­niste pour­rait bien appor­ter de plus à ce champ déjà très large de la phi­lo­so­phie poli­tique ou morale ? Qu’est-ce que la phi­lo­so­phie fémi­niste aurait de plus, de mieux ou de dif­fé­rent ? Un des élé­ments essen­tiels, poin­té par Diane Lamou­reux dans sa pré­face à l’ouvrage, c’est qu’elle pro­pose une réflexion théo­rique col­lec­tive, ce qui récuse le mythe du « grand homme ». La phi­lo­so­phie s’est construite sur la base d’un Sujet uni­ver­sel, excluant ain­si de fac­to les femmes et les per­sonnes et les peuples mino­ri­sées. Pour leur part, les deux autrices cherchent à pen­ser le monde à par­tir des sujet·tes incarné·es, vivant·es et vul­né­rables. Ain­si, elles décloi­sonnent les champs de la recherche pour uti­li­ser une métho­do­lo­gie inter­dis­ci­pli­naire au ser­vice de la réflexion phi­lo­so­phique dont l’objet prin­ci­pal est l’oppression sexiste pour « pro­duire des énon­cés des­crip­tifs et nor­ma­tifs en vue d’identifier une oppres­sion et d’y mettre fin ». Pour l’analyser, elles s’intéressent en pre­mier lieu aux expé­riences vécues et aux exis­tences sin­gu­lières et non aux ins­ti­tu­tions poli­tiques, éco­no­miques et sociales qui n’apparaissent que dans un second temps. Ain­si, elles prônent la dimen­sion trans­for­ma­trice de leur pra­tique qui met à mal ce qui a été his­to­ri­que­ment défi­ni comme pro­pre­ment phi­lo­so­phique. Depuis les marges, elles explorent les manœuvres oppres­sives et pro­posent des pistes de réflexion pour que les expé­riences vécues ne soient plus consti­tuées par ces oppres­sions. En don­nant la voie et en dévoi­lant l’existence de celles qui ont été oubliées par la tra­di­tion phi­lo­so­phique occi­den­tale, elles les rendent exis­tantes.

July Robert

Existantes
Pour une philosophie féministe incarnée
Cécile Gagnon & Marie-Anne Casselot
Remue-ménage, 2024

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