Gaza devant l’histoire

L’historien des idées Enzo Tra­ver­so a com­mis ce livre d’intervention dans l’urgence. Inter­pel­lé par l’usage sans frein de termes issus de l’histoire contem­po­raine de l’Europe (« anti­sé­mi­tisme », « géno­cide », « pogrom », « sio­nisme », « colo­nia­lisme » etc.), il a déci­dé de repré­ci­ser la signi­fi­ca­tion et l’origine de cer­tains termes pour évi­ter leur ins­tru­men­ta­li­sa­tion. Il ne s’agit donc pas d’une his­toire de Gaza ou de la guerre qui touche ce ter­ri­toire mais bien d’une réflexion cri­tique sur la façon avec laquelle cette crise est inter­pré­tée et dont elle est par­lée. L’historien vient expli­quer le més­usage d’un lexique propre à sa matière. Ce petit essai vient à point dans un débat média­tique et poli­tique pié­gé, où les ana­thèmes de « sou­tien au ter­ro­risme » ou d’ « anti­sé­mi­tisme » sont vite lan­cées pour délé­gi­ti­mer et décou­ra­ger une parole publique sou­te­nant la cause pales­ti­nienne. Avec les outils de l’historiographie, en dres­sant la généa­lo­gie de ces termes uti­li­sée à tort et à tra­vers, et en pre­nant conscience du fort orien­ta­lisme qui imprègne le débat (cette idée très colo­nia­liste sui­vant laquelle la civi­li­sa­tion se bat contre la bar­ba­rie), Gaza devant l’histoire déjoue les tra­que­nards propres à ces mots-valises. Et ce fai­sant, per­met d’appréhender l’actualité au Proche-Orient sous un regard plus juste.

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