Projeté à l’ouverture du Pink Screens, festival qui aborde les questions de genres et de sexualités, God’s Own Country pourrait apparaitre comme une simple romance homosexuelle sulfureuse dans les contrées champêtres du Yorkshire. En effet, le film de Francis Lee met en scène le quotidien d’un jeune fermier, Johnny, qui va voir son rapport à l’amour changer grâce à l’arrivée d’un saisonnier roumain, Gheorghe, venu travailler dans la ferme familiale. Or, le récit dépasse d’emblée la thématique de la révélation de l’homosexualité pour aborder d’autres sujets : l’apprentissage d’une masculinité différente basée sur les sentiments et la tendresse ; la difficulté de s’attacher à l’autre ; la prédestination professionnelle de deux jeunes gens prisonniers de leur condition ; la difficulté d’assumer un statut éloigné des préoccupations socioprofessionnelles d’une même génération. Bien qu’abordée d’un point de vue émotif plutôt que politique, la question de la xénophobie est également présente : tandis que Gheorghe tente de s’intégrer en tant que migrant dans le milieu du travail anglais afin de s’assurer un avenir meilleur, il doit subir au début du film l’hostilité et les insultes et humiliations de la part de Johnny. Le film souligne par ailleurs l’apport d’un savoir autre et d’une expérience étrangère, contribuant par conséquent à l’ouverture et au partage. Très bien accueilli par la critique — le film a remporté, entre autres, le prix de la mise en scène au festival de Sundance et le Hitchcock d’or au festival de Dinard -, le premier long métrage de Francis Lee, parvient à immerger le spectateur dans son récit tout en évitant le cliché de l’homosexualité comme prétexte politique pour dénoncer l’homophobie dans un monde rural et prolétaire.
Géraldine CierzniewskiGod’s Own Country
Un film de Francis Lee
2017