![](https://www.agirparlaculture.be/wp-content/uploads/2024/07/179948325.jpg)
Comme un grand nombre de domaines dans notre société patriarcale, le sport a été pensé par et pour les hommes, et c’est ce qu’il donne à voir. L’offre télévisuelle du sport féminin reste marginale alors que les femmes représentent près de 40 % des athlètes à travers le monde. Arbitres, entraîneuses, dirigeantes de club, elles sont peu nombreuses à occuper des postes à responsabilité et font encore très, trop souvent, office de faire valoir et de pionnières. Quelle conséquence cette invisibilisation des femmes a‑t-elle sur l’activité physique et sa pratique ? Pourquoi le genre masculin y est-il le genre par défaut ? Et surtout, qu’est-ce que le sport fait aux femmes ? Ancré dans le sport tel qu’il est vécu en Amérique du Nord, Hors jeu n’en est pas moins universel tant ce qui est évoqué nous semble toucher l’ensemble du monde. Combien de femmes arbitres de football au sein de la FIFA ? Combien d’entraîneuses d’équipe d’hommes ? Mais aussi d’équipes de femmes, en fait ! Historienne de l’art, mais aussi compagne d’un footballeur américain de haut niveau, Florence-Agathe Dubé-Moreau propose une vaste étude où l’on comprend que « les sports, comme les arts, nous parlent des sociétés dans lesquels ils s’inscrivent, puisqu’ils ont été créés par celles-ci et que leurs règles ne font sens qu’au sein d’une communauté donnée. ». Après avoir vécu plusieurs années dans le milieu, l’autrice offre un regard situé et expérientiel sur la manière dont le sport professionnel invisibilise et déprécie les femmes et leur travail, qu’elles soient athlètes, compagnes de sportifs qui gèrent tout ce qui relève de la sphère privée de leurs sportifs de maris/fiancés/amoureux pour qu’ils puissent ne se concentrer que sur leur carrière, arbitres ou dirigeantes. L’autrice développe tout au long de son ouvrage une approche anthropologique dans laquelle le jeu sportif est non seulement à appréhender comme un « produit culturel » mais aussi comme un « producteur culturel ». Ainsi écrit-elle : « les sports performeraient nos sociétés, en en reconduisant les codes, les valeurs, et, simultanément, influeraient à leur tour sur elles, en produisant de nouvelles possibilités ». Il s’agit également de dénoncer cette glorification du patriarcat que diffuse, célèbre et consolide le sport au travers de son mode de fonctionnement et de celui de ses diffuseurs et financiers. Et de nous faire prendre conscience du fossé qui se creuse entre le monde du sport professionnel et les changements de valeur sur le plan de l’égalité de sexe et de genre qui s’opèrent actuellement dans la société.
July RobertHors jeu : Chronique culturelle et féministe sur l´industrie du sport professionnel
Florence-Agathe Dubé-Moreau
Remue-ménage, 2024