Il n’y a pas d’arc-en-ciel au paradis

Avez-vous déjà essayé de ras­sem­bler les pièces du puzzle embru­mé d’un rêve au petit matin ? C’est un peu à cet exer­cice que j’ai l’impression de devoir me col­ler pour par­ta­ger cette expé­rience de lec­ture vécue grâce à l’auteur tcha­dien Néto­non Noël Ndjé­ké­ry. Un récit oni­rique dans lequel il nous emmène au cœur de l’Afrique en com­pa­gnie de ses trois héro·ines qui, chacun·e, fuient la ser­vi­tude. Ensemble, iels vont che­mi­ner pour s’emparer et inves­tir une ile qui vogue sur le lac Tchad et y créer une micro-socié­té hors du monde, hors du temps. Mais est-il pos­sible de s’extraire ain­si du monde, de fuir l’esclavagisme, la colo­ni­sa­tion, la domi­na­tion mas­cu­line ou encore les groupes dji­ha­distes pour construire autre chose autre­ment ? Ne finit-on pas par être rattrapé·es par le « vrai monde » ? Récit éman­ci­pa­teur autant que for­ma­teur, Il n’y a pas d’arc-en-ciel au para­dis touche à la nature humaine autant qu’au sort du monde tel qu’il est et tel que l’auteur rêve­rait qu’il soit. Avec lui, nous tra­ver­sons un siècle d’histoire afri­caine sans jamais être sûr·e de dis­tin­guer ce qui relève de la réa­li­té ou de la fic­tion. Sous la plume douce et acé­rée de Néto­non Noëll Ndjé­ké­ry, l’errance devient un voyage ini­tia­tique à la décou­verte d’un uni­vers fabu­leu­se­ment atroce et atro­ce­ment fabu­leux. (JR)

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