Magnifique documentaire qui vient de remporter à Filmer à tout prix le prix de la Quadrature du cercle, Killing Time dépeint le temps mort de la perm’ de Marines américains en opération en Afghanistan ou Irak dans la petite ville de Twentynine Palms qui jouxte leur base militaire dans le désert californien — qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le Moyen-Orient. Tout y tourne autour de l’accueil des militaires qui viennent y trainer leur ennui. Tatouage, prière et tournée des églises, bitures dans les bars ou ailleurs, sexe, coiffeur… on s’occupe comme on peut en essayant de ne pas trop penser à la guerre. Et pourtant, son absence est criante. Elle s’immisce dans le quotidien de ces soldats. Leurs small talks en témoignent. Ressurgissent subrepticement la dureté des conditions de vie là-bas, l’absurdité des combats, les dangers et le stress post-traumatique… et tout ce que l’armée et la guerre leur ont pris. Pas de voix-off ni d’entretiens, juste des séquences impressionnistes et des mots volés. On suit les bidasses dans leur volonté de combler le vide. Dans leur quotidien hyper banal mais contaminé par la guerre. Dans son troisième film, Lydie Wisshaupt-Claudel nous donne ainsi à voir des « héros » américains fatigués, perdus et étranger à leur propre vie. Preuve que si la guerre tue moins, on n’en revient toujours pas indemne pour autant.
Aurélien BerthierKilling time, entre deux fronts
Un documentaire de Lydie Wisshaupt-Claudel
Cellulo Prod /Les Productions du verger
2015