Kind Words

Kind Words est un jeu vidéo dont toute l’intention et le game­play sont conte­nus dans son titre : des mots gen­tils. En effet, il s’agit d’un jeu où les joueurs et les joueuses écrivent des mots doux, aimables, récon­for­tants à d’autres joueurs et joueuses. Soit sous la forme d’une pen­sée envoyée dans un avion en papier, soit en répon­dant à de courtes demandes for­mu­lées direc­te­ment par d’autres per­sonnes. Le tout bai­gnant dans une musique lo-fi relaxante qui pro­pose régu­liè­re­ment un nou­veau mor­ceau lorsque vous jouez. Kind Words appa­raît comme l’aboutissement du tra­vail du stu­dio amé­ri­cain Pop­can­ni­bal cen­tré sur la construc­tion de ponts, sur des jeux qui se veulent des espaces de liens entre les joueurs et les joueuses, sur un rythme lent et apai­sé, sur des expé­riences tex­tuelles partagées.

Le titre pos­sède évi­dem­ment ses défauts. Il demeure très amé­ri­ca­no-cen­tré, se joue exclu­si­ve­ment en anglais et peut tendre par­fois vers la bien­veillance inof­fen­sive voire le déve­lop­pe­ment per­son­nel par la réduc­tion des pro­blèmes à des ques­tions individuelles.

Néan­moins, sa seule exis­tence et le fait que son pro­jet conti­nue à être res­pec­té par sa com­mu­nau­té trois ans après sa sor­tie repré­sentent une bulle de frai­cheur dans un média qui reste majo­ri­tai­re­ment por­té par des logiques de com­pé­ti­tion. Et sur­tout, plu­sieurs de ses méca­nismes insistent sur les ques­tions de san­té men­tale, encore taboues aujourd’hui. Alors que selon l’OMS un quart de la popu­la­tion mon­diale souf­fri­rait de troubles divers, mettre cet enjeu en avant, ren­voyer vers des ins­ti­tu­tions de soin, encou­ra­ger à en par­ler et à par­ler à d’autres de ses souf­frances demeure un enjeu social et poli­tique majeur. Sur­tout pour un média encore consi­dé­ré comme mineur.

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