
Gilets jaunes et manifestants « Climat », dans nos pays, tendent à éclipser des radars l’épée de Damoclès, suspendue au-dessus de nos têtes, de la finance dérégulée. Le lien, pourtant, entre les dérives de celle-ci et les raisons d’être de ceux-là existe bel et bien. Brider la finance et ses logiques de libre fonctionnement, en reprendre le contrôle, est sans doute la condition première de toute transition globale ou de tout changement fondamental vers un modèle d’habitation du monde moins destructeur des ressources, plus équilibré et plus juste.
Les têtes de l’hydre financière sont bien connues et de mieux en mieux documentées. En atteste l’ouvrage, réédité en 2018, du professeur de l’Université de Zürich Marc Chesney : dans La crise permanente, cet ex-professionnel du secteur devenu analyste critique des dérives de celui-ci, notamment pour Finance Watch, dépeint à grands traits, largement accessibles, « le scandale de l’économie » et les « pistes pour en sortir ». Outre son approche pédagogique des ressorts et des pulsions de la « bête », le mérite du livre est de les inscrire dans un tableau plus large, plus structurel : celui de l’emprise de « l’oligarchie financière » sur l’économie et la croissance « artificielle » de celle-ci, sur les pouvoirs publics qui cherchent vainement à « satisfaire les marchés financiers » et sur la démocratie mise sans cesse plus en position d’échec.
La crise permanente.
L’oligarchie financière et l’échec de la démocratie
Marc Chesney
Quanto, 2018