
Dans cet ouvrage, l’essayiste britannique George Monbiot, chroniqueur au Guardian, et le réalisateur américain Peter Hutchison, analysent l’idéologie néolibérale dont l’anonymat est à la fois un symptôme et une cause de son pouvoir. Il a causé ou contribué à causer en toute discrétion la plupart des crises économiques et démocratiques auxquelles nous sommes aujourd’hui confronté·es, y compris nos désastres environnementaux. L’originalité de La doctrine invisible est qu’il porte sur le néolibéralisme, non pas comme système économique, mais comme fait social total. Les auteurs l’envisagent aussi comme un outil de propagande proche du conte de fées qui raconte que les individus peuvent devenir facilement riches s’ils travaillent dur ou entreprennent. Le néolibéralisme fait de la compétition le point nodal de tout être humain. Ainsi chaque être humain serait avide et égoïste, et ces deux traits de caractère seraient le moyen de produire des richesses et d’acquérir la liberté. Mais, la liberté tant invoquée par les tenant·es de cette idéologie semble destinée aux requins et non aux petits poissons. Dans une série de chapitres brefs et percutants, les deux auteurs vont au-delà du mythe et éclairent les processus de privatisation, le transfert des richesses des pauvres vers les riches et le désenchantement de la politique par l’économie. Dans un deuxième temps, ils élaborent des pistes qui permettraient de tracer un autre sillon permettant de construire un autre récit. Chose indispensable aujourd’hui, car sinon la déception se mue en sentiment d’impuissance qui, à son tour, nourrit le désenchantement. À l’heure où le néolibéralisme trouve sa traduction la plus parfaite dans l’accord du gouvernement Arizona (les gens souffrent en Arizona !), cet ouvrage pointe clairement les défauts du modèle et donne des outils permettant de le dépasser et de construire un autre imaginaire.
Olivier StarquitLa doctrine invisible, l’histoire secrète du néolibéralisme
Peter Hutchison et George Monbiot
Le Faubourg, 2025