En 2006, le rappeur Akhenaton sortait « La fin de leur monde », un titre au vitriol dans lequel il dézinguait les politiques régissant notre monde globalisé. Quinze ans plus tard, malgré les notes d’espoir qui concluait le titre, le chanteur a visiblement ressenti la nécessité de retaper sur le clou. Publié dans la belle collection L’iconopop aux éditions L’Iconoclaste, « La faim de leur monde » est un pamphlet de 80 pages réunissant le texte de l’époque et cette faim de leur monde où gronde sa colère, sa rage et son dégoût avec toute la poésie qui le caractérise. Ce texte, qui est également à découvrir en vidéo et en vinyle dans une version qui dure dix-neuf minutes, est agrémenté d’une iconographie qui, à elle seule vaut le détour. Gestion de la crise sanitaire, politiques migratoires, complotisme, manque de financement de la culture, violences policières, tout y passe et sans filtre : Entassés dans ces rafiots, ce monde se fout d’eux / On a tout pris dans leur pays, ils doivent crever chez eux / Nous on a signé des contrats, on se démène / On s’en fout, on encaisse, amen tant pis pour le Yémen. Dans des termes parfois crus, mais toujours justes, Akhenaton dénonce le manque d’espaces pour s’exprimer, la culture du buzz qui empêche d’articuler ses idées, empêchant ainsi de développer une pensée constructive et émancipatrice. De Barack Obama à Nicolas Sarkozy, toustes les puissant·es en prennent pour leur grade. Libéraux réacs grimés en socialistes ou gaullistes / Inventent des mots de merde genre « islamo-gauchiste » / Si je fais l’idiot je réponds « athéo-fascistes ». Et pourtant, ce texte reste empli d’optimisme et surtout, surtout, de ce besoin qu’a l’auteur d’espérer et d’aimer : Je m’exprime en rime avec un flot d’amour dans les artères.
July RobertLa faim de leur monde
Akhenaton
L’Iconoclaste, 2021