La fin de l’amour

Éva Illouz

Eva Illouz est une uni­ver­si­taire israé­lienne spé­cia­li­sée dans la socio­lo­gie des sen­ti­ments et de la culture. Elle est consi­dé­rée comme une des douze intel­lec­tuelles les plus influentes au monde d’a­près Die Zeit. Dans « La fin de l’amour – enquête sur un désar­roi contem­po­rain », l’auteure étu­die l’état actuel des rela­tions amou­reuses en concen­trant son ana­lyse sur le moment où l’amour prend fin ou encore sur celui où il se trouve dans une sorte d’incapacité à adve­nir. Le capi­ta­lisme sco­pique (en psy­cha­na­lyse, rela­tif à une pul­sion qui met en scène la dia­lec­tique entre « regar­der » et « être regar­dé »), tout en démul­ti­pliant les oppor­tu­ni­tés de ren­contre notam­ment par le biais des réseaux sociaux, nour­rit en effet, selon elle, des com­por­te­ments de rejet ou d’évitement de l’autre qu’elle nomme le « non-amour ». On observe ain­si un pro­ces­sus conti­nu de créa­tion et de des­truc­tion des liens sociaux qui place les acteurs dans un état d’angoisse per­ma­nent, celui-ci contri­buant en retour à l’essor du déve­lop­pe­ment per­son­nel et des thé­ra­pies de tout type. Par son pro­pos, Éva Illouz reven­dique une étude socio­lo­gique des rela­tions amou­reuses et démontre la dimen­sion poli­tique de son objet d’étude, remet­tant par là même en cause le mono­pole de la psy­cho­lo­gie dans ce domaine. Se fai­sant, elle concré­tise des paroles d’Abd al Malik citées d’ailleurs en exergue de son ouvrage : « Com­prendre qu’être sub­ver­sif c’est pas­ser de l’individuel au col­lec­tif. »

Emmanuelle Garrot

La fin de l’amour – Enquête sur un désarroi contemporain
Éva Illouz
Seuil, 2020

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