
« L’échelle que Malcom nous incitait à utiliser, c’était celle des droits humains » affirme Angela Davis en préambule de cette autobiographie de l’activiste Malcolm X. Famille décimée, drogue, prison, vol, fuite, l’enfance et l’adolescence que raconte celui que l’on considère aujourd’hui comme l’un des plus grands leaders de la lutte antiraciste aux États-Unis est d’une rare violence. Et pourtant, il nous la livre sans misérabilisme tant il admet qu’elle lui a permis de construire sa pensée. Et si la religion en reste le fil conducteur dès sa découverte et son adhésion à Nation of Islam, celle-ci apparait en contrepied à la religion chrétienne dont il affirme qu’elle est venue laver le cerveau des « nègres » afin de les opprimer en toute impunité. Antiraciste, anticarcéral, internationaliste, panafricaniste, Malcolm X s’est instruit en prison où il a compris que les personnes noires aux États-Unis n’étaient pas respectées en tant qu’êtres humains et que donc il fallait aller au-delà de la seule lutte pour les droits civiques. Malades politiquement, psychologiquement, économiquement, socialement, les personnes noires vivent sous le joug de l’homme blanc, affirme-t-il parmi les nombreuses réflexions et autres propositions. Cette autobiographie initialement parue en 1956 est rééditée par Hors d’atteinte. Elle permet de découvrir l’activiste au-delà des clichés souvent caricaturaux qu’on nous donne à voir, notamment eu égard à l’usage de la violence « C’est un mensonge, je ne suis pas pour la violence gratuite, je suis pour la justice » précise-t-il. Et d’ajouter « Si, pour faire reconnaitre ses droits d’être humain dans son pays, le Noir américain n’a d’autre recours que la violence, alors je suis pour la violence. (…) Quand le Blanc est arrivé en Amérique, il n’a certainement pas fait preuve de ’non-violence’. » Force est de constater qu’il parait difficile de le contredire…
July RobertL’autobiographie de Malcom X
Malcom X et Alex Haley
Hors d’atteinte, 2025