L’autre côté de l’espoir

Un film Aki Kaurismäki

De l’autre côté de l’Atlantique, le pré­sident amé­ri­cain veut construire un mur afin d’empêcher l’immigration illé­gale pro­ve­nant du Mexique ; en Europe, cer­tains poli­ti­ciens sou­haitent voir les fron­tières réta­blies et les mou­ve­ments anti-immi­gra­tion s’intensifient ; au Moyen-Orient, les guerres inces­santes contraignent des mil­liers de per­sonnes à l’émigration. Ce contexte socio­po­li­tique ne laisse per­sonne indif­fé­rent, en par­ti­cu­lier Aki Kau­rismä­ki, cinéaste fin­lan­dais qui avait déjà réa­li­sé en 2011 Le havre, film qui sui­vait un ado­les­cent exi­lé d’origine afri­caine pour­sui­vi par les ser­vices de l’immigration. Aujourd’hui, c’est avec L’autre côté de l’espoir (« Toi­von tuol­la puo­len » en fin­nois) que Kau­rismä­ki cri­tique, dans un style qui lui est propre — dépouille­ment, bur­lesque désa­bu­sé, ton comi­co-tra­gique — la socié­té fin­lan­daise en fai­sant écho au dur­cis­se­ment de la poli­tique d’accueil d’étrangers sur le sol fin­lan­dais suite aux vagues d’immigration en Europe dues à la guerre en Syrie. L’histoire est simple, et pour­tant ô com­bien atem­po­relle et uni­ver­selle : la ren­contre entre un migrant syrien, Kha­led, et un res­tau­ra­teur local, Wiks­tröm, qui va ten­ter de lui venir en aide. Au-delà des mes­sages de soli­da­ri­té pré­sents dans le film, Kau­rismä­ki inter­roge notre huma­ni­té et nous amène à chan­ger notre regard sur les immi­grés en les réhu­ma­ni­sant. Il nous pousse à nous mettre de l’autre côté afin de nous poser la ques­tion fon­da­men­tale de la fra­ter­ni­té. Car, un jour, nous serons peut-être aus­si deman­deurs d’asile.

Géraldine Cierzniewski

L’autre côté de l’espoir
Un film Aki Kaurismäki
2017

Autres Popcorns "Films"