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L’économiste Eloi Laurent nous offre des rappels salutaires face à la dévalorisation répétée de l’Etat et sur le déclinisme social ambiant : l’Etat Providence, issu des luttes du mouvement ouvrier, assure un bien-être à une majorité de citoyens, « il n’a jamais provoqué la moindre crise économique », « il favorise la prise de risques, développe les capacités humaines et maintient la cohésion sociale ». Evidences et banalités utiles aux mémoires de ceux qui professent une suspicion inaltérable à l’égard du « bureaucrate ». Il est aujourd’hui devenu presque intempestif de dresser l’éloge de la fonction publique, imparfaite comme toute construction humaine, mais d’une nécessité qui ne rivalise qu’à la hauteur de l’aveuglement de certains. Face aux insécurités sociales et écologiques, et à rebours de la vulgate néolibérale, seule l’autorité publique, du niveau municipal aux enceintes des Nations Unies, est en capacité de réguler les basculements du monde. Il faut, me semble-t-il, de toute urgence réhabiliter le rôle central de l’Etat. Cela ne signifie en rien une glorification idéologique ou une soumission de sujets tétanisés par un pouvoir fort. La logique des totalitarismes, au siècle dernier, a conduit des grandes civilisations à un sort funeste. Cela n’exclut non plus en rien de corriger, d’aménager, de repenser le statut, les missions et les attributions des pouvoirs publics. Bien au contraire, la nouvelle scansion de l’Histoire nous y oblige radicalement.
Jean CornilEloi Laurent
Les liens qui libèrent, 2015