Après Les Héritiers, Marie-Castille Mention Schaar propose Le Ciel attendra, bouleversant et inquiétant à plus d’un titre. Il dépeint l’enrôlement, l’embrigadement, l’enfermement, l’exaltation, la soumission, la radicalisation de deux collégiennes de 17 ans de familles à première vue bourgeoises et sans histoires. Ce film nous montre avec brio, subtilité et émotions l’embrigadement djihadiste de ces deux filles. La première, Mélanie, 16 ans, s’abandonne corps et âme à l’influence et la domination d’un « prince » rencontré via Facebook qui l’invite petit à petit à tout quitter pour rejoindre Daesh. Sa mère ne se doute pas qu’elle est en train de perdre sa fille qui partira en Syrie. L’autre, Sonia, 17 ans, déjà plus loin dans la démarche de radicalisation, mais dont les parents plus attentifs font tout pour la faire revenir à un état « normal » quitte à aller au conflit avec leur fille. Dounia Bouzar, créatrice d’un Centre de Déradicalisation en France a conseillé la réalisatrice et joue son propre rôle de spécialiste dans le film. Un film qu’il faut voir absolument, tant il est vrai, courageux et complexe à la fois. Sandrine Bonnaire y crève l’écran et Clotilde Courau est méconnaissable tant elle est toute entière habitée par son rôle de mère qui s’en veut de n’avoir rien vu venir et qui sombre dans une terrible détresse.
Sabine BeaucampLe ciel attendra
Un film de Marie-Castille Mention Schaar, 2016