Les Eclaireurs

Iels sont seize, seize per­son­na­li­tés qui ont pen­sé notre monde à leur époque et dans leur envi­ron­ne­ment. À la marge, plus ou moins connues en Occi­dent, plus ou moins impli­quées dans les luttes sociales et envi­ron­ne­men­tales au tra­vers de leurs écrits et prises de posi­tion tout en ayant toutes influen­cé notre per­cep­tion du vivant, elles ont mar­qué le jour­na­liste You­ness Bou­sen­na qui les a ras­sem­blées dans ce petit manuel qui se veut « une boîte à idée pour ima­gi­ner le monde de demain ». Ce qui les réunit selon lui ? Une vision éco­ma­té­ria­liste qui fait se croi­ser les sciences sociale et les sciences du vivant. Lanceur·euses d’alerte, cri­tiques, bio­lo­gistes ou eth­no­logues, toustes ont à leur manière per­mis de faire un pas de côté pour dis­tin­guer d’autres pos­sibles au-delà de notre vision anthro­po­cen­trée de ce qui nous entoure. Quelques pages en guise d’amuse-bouche sur chacun·e d’entre elles et la furieuse envie, à l’issue de la lec­ture, d’aller plus loin pour ten­ter d’appréhender ce que cet éco­ma­té­ria­lisme pour­rait appor­ter aujourd’hui alors que le vivant est de plus en plus mena­cé par la crise envi­ron­ne­men­tale et que les luttes sociales font rage, tout cela face à un immo­bi­lisme poli­tique de plus en plus décou­ra­geant. Si on peut saluer la démarche, on ne peut s’empêcher de sou­li­gner la pré­sence toute rela­tive des femmes et de penseur·euses issues des Suds, dont à l’évidence certain·es vien­draient appor­ter d’autres leviers de réflexion à inté­grer à cette notion d’écomatérialisme dont il faut néan­moins sou­li­gner la grande per­ti­nence. Au tra­vers de cet ouvrage, l’auteur nous met l’eau à la bouche, ouvrant ain­si la porte à un appro­fon­dis­se­ment qu’il ne tien­dra qu’aux lec­teu­rices de mener car « il ne suf­fit plus que les marges éclairent le centre. Il est temps qu’elles l’incendient ».

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