Les hommes manquent de courage

« C’est bizarre, je n’ai pas vécu ces vio­lences, pas exac­te­ment. Mais je me sens concer­née. Je crois que j’avais enfoui tout ça. » C’est ce mes­sage qu’envoie Jes­sie, pré­nom d’emprunt, au jour­na­liste et auteur, Mathieu Palain, après avoir écou­té son pod­cast Des hommes vio­lents sur France Culture. Comme une bou­teille à la mer. Jes­sie a l’impression qu’elle ne mai­trise plus rien. Encore moins son fils Mar­co, 15 ans. Leur rela­tion se résume à des cris qui se ter­minent sou­vent en fugue. Jusqu’à la der­nière. Puis cet appel. Saillant. Il faut qu’elle vienne le cher­cher. Il est à une fête. Il l’attend. Là. Main­te­nant. Au fil de ce roman « road trip », ce n’est pas tant l’histoire de Mar­co qui défile mais celle de Jes­sie. Les deux exis­tences se font par­fois écho. Et cette ques­tion : reçoit-on en héri­tage le pas­sé caché de nos parents ? Pour mener son pro­jet d’écriture, Mathieu Palain a ren­con­tré son héroïne chaque semaine, sur le même banc, pen­dant un an. Har­cè­le­ment sco­laire, viol, sexe tari­fé pour arri­ver à éle­ver son fils, seule… C’est « tout ça » qu’avait enfoui Jes­sie. Les hommes manquent de cou­rage donne une voix – par­fois crue – à Jes­sie et à tra­vers elle à toutes les femmes vic­times de vio­lences psy­chiques, sexuelles et sociales, sou­vent muettes par crainte de ne pas être enten­dues et légi­times. À tra­vers ce qua­trième ouvrage, l’auteur conti­nue à nous racon­ter la vie des invi­sibles. Peut-on rompre les cercles de vio­lences à l’œuvre dans notre socié­té, sur­tout quand on sait qu’être une femme sur­ex­pose aux violences ?

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