
Chaque matin, le rituel est le même. Arthur s’assoit, le dos voûté, et attend que le soleil monte et que les oies cendrées reviennent sur le lac. Il attend que sa propre fin se montre. La vie, la vraie vie, s’était éteinte avec sa femme avec laquelle il a eu deux enfants et s’est installé dans cette maison retirée, dans un huis clos naturel aux couleurs pastel. Arthur a oublié de vivre, il s’est contenté d’exister 70 ans durant. Jusqu’à ce qu’apparaisse Gabriel, son ancien étudiant aux Beaux-Arts, venu lui offrir une parenthèse de tendresse, de joie, d’amour et de sensualité. Gabriel confrontera avec fracas son vieil amoureux, ses paradoxes et ses tabous : Arthur doit-il se résoudre à mourir à petit feu en se conformant à cette existence hétéronormée qu’il a toujours menée, ou enfin, ouvrir les portes de ses émotions et se révéler à lui-même ? C’est au moment où il sent poindre le crépuscule de son existence qu’Arthur comprend qu’il a le droit de vivre sa destinée : d’être à la fois papa, papy, de devenir un artiste reconnu et d’aimer un homme sans s’en cacher. Pourquoi Les oies cendrées ? Dans cette routine faite d’abnégation, les oies symbolisent un cycle qui se répète sans que rien ne change. Elles reviennent, inexorablement, et Arthur, lui, reste immobile. Notons également que des études menées par des ornithologues démontrent que parmi cette espèce extrêmement fidèle, 20% des couples sont composés de sujets du même sexe. Bref. Elles sont rares, ces œuvres qui racontent l’intimité des personnes âgées. Elles le sont plus encore lorsqu’il s’agit d’aborder l’homosexualité des séniors. Les oies cendrées a réussi le pari de nous toucher en plein cœur. Voici donc une histoire d’amour et de volupté puissante, ponctuée de silences subtils, qui nous dit qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre à (s’)aimer et faire dissidence de l’hégémonie hétérosexuelle.
Maco MéoLes oies cendrées
Cyril Legrais & Alice V.D.M
Futuropolis, 2025