
Voice for the Voiceless. Donner la parole à celles et ceux qui ne l’ont pas. Un adage auquel Présence et Action Culturelles tient particulièrement. Preuve en est, une fois de plus, avec l’ouvrage Ma parole de femme dans l’immigration. Un regard plus loin… imaginé et publié par la régionale PAC de Mons-Borinage, en partenariat avec d’autres acteurs et actrices de terrain. Au départ de différents ateliers (écriture, récolte de récits de vie, etc.), Djalila, Amina, Mariame, Ismahan, Rabea, Béatrice, Marie Momo, Lauriane ou en encore Zahkaa ont pu déposer leurs histoires, leurs questionnements, leurs doutes, leurs craintes qui ont parsemé et qui parsèment encore leur parcours migratoire. C’est le récit de ces femmes qui ont dû quitter leur chez elles pour rejoindre une destination inconnue, dans l’espoir de meilleurs lendemains. Quelles que soient les raisons, quitter de manière non voulue ses racines revient toujours à un drame. Et à l’arrivée, c’est la page blanche. Il faut se reconstruire une situation, faire valoir ses droits, tout en nageant à contre-courant face à cette triple peine qu’est être femme, être d’origine étrangère et bien souvent disposer de moins de moyens. Affronter aussi les désillusions d’une « terre d’accueil » qui se révèle in fine bien moins hospitalière qu’espérée. La Belgique, ce n’est pas un Eldorado. Cet ouvrage permet de laisser une précieuse trace de ces témoignages de parcours hors normes, menés au péril de leur vie. Les ateliers, qui ont favorisé l’émergence de ces récits, ont permis à ces femmes de se retrouver, d’échanger, de bâtir toutes ensemble un savoir et des pratiques collectives. Les germes d’une émancipation, arrachée au forceps. Mais cet ouvrage, c’est aussi une énième preuve que les politiques migratoires menées en Belgique sont désastreuses, que ce soit au niveau du manque de critères clairs et définis pour les personnes sans-papiers ou par le refus clairement affiché des autorités belges d’accueillir des personnes demandeuses d’asile, s’asseyant par la même occasion sur des obligations pourtant internationales. Refuser d’allouer un minimum de dignité aux personnes et ne plus respecter l’État de droit, ce n’est ni plus ni moins qu’une atteinte grave à la démocratie. Ce livre en est le témoin.
Pierre VangilbergenMa parole de femme dans l’immigration. Un regard plus loin…
Collectif
PAC, 2023
Disponible ici