Les minorités n’ont de cesse d’être exclues, reléguées, placées à la marge de notre société hétéropatriarcale, validiste, sexiste, raciste, transphobe, capitaliste, et on en passe ! Les personnes sexisées, dans la précarité, non-blanches, grosses ou atteintes d’un handicap peinent à s’inscrire dans le monde tel qu’il est. Travail, loisir, vie privée ou sexuelle, tout est un combat quotidien pour celleux qui n’intègrent pas les normes sociétales telles qu’elles nous sont imposées. Et pourtant, Nous sommes tous des minorités. En tout cas, c’est le parti pris de la docteure en philosophie Juliette Speranza dans cet ouvrage. Elle y donne la parole à dix témoins qui partagent leurs vécus expérientiels sans fard et surtout, sans pathos. Car toustes, chacun·e, nous sommes ou pourrions être considéré·es comme lae minoritaire d’un·e autre. Ainsi qu’elle l’affirme, les minorités ne sont pas des « autres » et la crispation antiminoritaire revient en quelque sort à se haïr soi-même. « La condition minoritaire n’est pas inscrite dans l’ADN d’un individu noir, gay, autiste ou musulman. Elle résulte d’une organisation sociale qui hiérarchise les vies selon des critères arbitraires » explique-t-elle. Entre récits de vie et textes philosophiques, cette compilation vient surtout poser une question essentielle : à qui profite le silence des personnes minoritaires ou, devrions-nous plutôt dire, minorisées ?
Nous sommes tous des minorités
Juliette Speranza,
Faubourg, 2025