Prises de parole

Chris­tine Mahy, secré­taire géné­rale du Réseau wal­lon de lutte contre la pau­vre­té, n’est plus à pré­sen­ter. Sa mai­trise de l’art ora­toire et du plai­doyer à des fins mobi­li­sa­trices non plus. Ses inter­ven­tions orales ont toutes la même par­ti­cu­la­ri­té : elles sont rare­ment pré­écrites afin de s’articuler avec force et liber­té au contexte, aux échanges et à l’énergie de l’évènement qui se déroule là. De quoi les rendre plus per­cu­tantes. Jac­que­line Fas­très et Jean Blai­ron, res­pec­ti­ve­ment coor­di­na­trice du dépar­te­ment formation/recherche et expert asso­cié pour l’association d’éducation per­ma­nente RTA à Namur ont joué aux archi­vistes. Voi­ci donc ras­sem­blées, sous la forme popu­laire de l’Abécédaire, vingt-six prises de parole trans­po­sées à l’écrit. L’ouvrage res­ti­tue tout ou par­tie de ses inter­ven­tions les plus mar­quantes de la der­nière décen­nie et per­met une réflexion sur l’actualité sociale et poli­tique dans laquelle ces prises de parole ont pris forme. Que Chris­tine Mahy parle culture, enfance, loge­ment, mobi­li­té, san­té, tra­vail… sa ques­tion sous-jacente est tou­jours : « Quelles sont les prio­ri­tés que se donne notre socié­té envers sa popu­la­tion pour que son exis­tence soit pos­sible ? » Et ce qui résonne le plus, c’est la voix des expert·es du vécu. Car au Réseau, on trouve indis­pen­sable d’entendre le point de vue des per­sonnes qui vivent dura­ble­ment dans le trop peu de tout – d’argent, de res­pect, de droit à occu­per une place, d’être entendu·es, d’être reconnu·es dans sa culture… Alors, ce sont toutes ces his­toires que Chris­tine Mahy raconte aus­si. Comme quand elle cite une maman qui a émis un constat tel­le­ment fort : « La pau­vre­té, c’est l’intelligence à temps plein et sans repos. » Car tout ce qui a l’air habi­tuel­le­ment facile dans la vie est très com­pli­qué quand on vit dans la pau­vre­té. Des mots pour dire le visible et l’invisible.

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