Aurore Lalucq, députée européenne, membre du mouvement Place publique, a vécu comme nous le déferlement du virus et en a tiré quelques enseignements. Ainsi, contrairement à ce que d’aucuns ont affirmé, cette crise n’a pas réhabilité la puissance publique, elle a plutôt souligné sa grande faiblesse. Grande faiblesse qui découle notamment de quatre décennies de mise en scène de l’impuissance et de l’incompétence publiques, sorte de prophétie autoréalisatrice qui sert à camoufler la capture des ressources de l’État au profit d’une minorité. Pour elle, si nous voulons changer la donne et œuvrer à une véritable transition sociale et écologique ici et maintenant, il conviendrait de changer de cadre d’analyse, de se débarrasser par conséquent de certains indicateurs comme le PIB : pour faire face à l’urgence environnementale, est-il opportun de mesurer le niveau d’huile en ouvrant le réservoir d’essence ? En outre, il faudrait renouer avec un État stratège et employeur en dernier ressort pour rencontrer tous les besoins non couverts par la grille de lecture marchande. Pour elle aussi, la réduction collective du temps de travail est favorable à la transition écologique : plus les gens travaillent, moins ils ont le temps de faire et plus ils consomment des biens ayant une forte empreinte écologique. Enfin, la crise du Covid devrait clairement nous inciter à réévaluer les métiers en fonction de leur utilité réelle pour la société. Toutes ces mesures ainsi que la revalorisation des bas salaires et une réforme fiscale devraient permettre de mener une reconquête, au nom de l’intérêt général. Reconquistaaaaaaa !
Olivier StarquitReconquête
Au nom de l’intérêt général
Aurore Lalucq
Les petits matins, 2020