Rivages

Émilia Stefany-Law

Il était une fois un livre d’images. Pas des illus­tra­tions, ni des ins­tan­ta­nés de vie. Plu­tôt une invi­ta­tion à l’introspection, au sen­sible, voire à l’ultrasensible. Des images qui racontent bien plus que des mots. Même si ceux de Jean-Chris­tophe Bailly en pré­face du livre sont une belle entrée en matière. Au fil des pages gla­cées se déploient dou­ce­ment des pay­sages cap­tés par la pho­to­graphe Émi­lia Ste­fa­ny-Law et pré­sen­tés durant l’automne 2025 chez Contre­type à Bruxelles. Pas de scènes roman­tiques ni de simples décors mon­ta­gnards. La focale s’attarde sur des talus, des roches, des failles, des aspé­ri­tés, des lichens. Cette nature est-elle proche ou loin­taine ? Peu importe fina­le­ment puis qu’elle est là, quelque part, depuis des mil­liers d’années. La Terre comme seule limite, aux portes de l’imaginaire. La pho­to­graphe invite notre regard à échan­ger notre habi­tuel point de vue sur­plom­bant sur la nature contre une écoute atten­tive du monde. Tous nos sens sont convo­qués. Loin de la domi­na­tion humaine sur les élé­ments, ren­dez-vous a été pris avec la matière et ses mys­tères. Les œuvres d’Émilia Ste­fa­ny-Law nous incitent à voir vrai­ment et posent en fili­grane la ques­tion de l’écologie du regard. À l’heure des poly­crises, alors que les modèles extrac­ti­vistes sont — enfin — remis en ques­tion, le livre de pho­to­gra­phies Rivages inter­roge notre rap­port à cette Terre où nous sommes en rési­dence. Com­ment la voit-on ? Com­ment peut-on l’habiter autre­ment ? Que dit-elle de nous ?

Coraline Burre

Rivages
Émilia Stefany-Law
Contretype / La Part du feu, 2025

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