Retourner le stigmate, ou quand l’insulte et les violences rendent plus fort·es, est un adage bien connu de toustes celleux qui luttent contre les violences sexistes et sexuelles. Et que la journaliste et autrice Myriam Leroy a décidé d’appliquer au cyberharcèlement qu’elle subit depuis des années. Résultat ? Une exposition incroyablement intense qui rassemble les œuvres de douze artistes qui se sont approprié·es les 4267 messages de haine d’un groupe de harceleur·euses en ligne dont elle était la cible de choix. Ici, on découvre une chemise brodée de cheveux affirmant : « C’était le bon temps le sexisme pépouze ». Là, la reconstitution du bureau imaginé et imaginaire d’un harceleur ou encore une planche de bandes dessinée, des vitraux, des figurines de porcs et autres rhinocéros, des œuvres qui toutes à leur manière s’approprient ces messages haineux pour leur donner corps. Créations artistiques, certes, mais surtout mediums destinés à visibiliser dans toute sa physicalité l’ampleur de ce que peut représenter le harcèlement numérique. On sent, devant ces compositions, tout le poids que portent les victimes, qui pèse sur les épaules, le cœur et les corps de celleux qui, pour des raisons que la raison ignore, sont visé·es par les harceleur·euses. Enfin, la raison sait bien que les violences misogynes en ligne peuvent se dérouler en toute impunité, alors pourquoi devraient-iels s’en priver ? Le chemin est encore long pour faire bouger ces lignes, et Sexisme Pépouze permet de rendre compte que le sexisme imprègne toute la société. Peu réjouissant, et pourtant libérateur que d’aller contempler ces œuvres originales, bouleversantes et troublantes.
July RobertSexisme pépouze
Expo collective (Curatrice : Myriam Leroy)
Galerie "That’s what x said" (Bruxelles)
2024