
Libération de la Palestine et respect de la Terre, même combat ? Lutte décoloniale et écologie, même combat ? Féminisme intersectionnel et lutte pour la préservation de notre environnement, même combat ? Si toutes ces analogies peuvent nous paraitre contre-intuitives, c’est que la lutte écologique occidentale est empreinte de blanchité pour le dire avec Malcolm Ferdinand. Terres et liberté est le premier ouvrage de la nouvelle et bien nommée collection « Écologies de la libération », dirigée par la politologue et militante Fatima Ouassak, et éditée par Les Liens qui Libèrent. Les douze textes qui essaiment le recueil sont portés par des intellectuel·les ainsi que par des travailleur·euses de terrain et des militant·es engagé·es. Ils offrent, au travers de récits humains, d’histoires vécues, mais aussi grâce aux savoirs situés et expérientiels de leurs auteurices, une vision linéaire et sans fard qui affirme que tout se tient : ce qui ravage la Terre ravage les populations non-Blanches, ce qui ravage les populations non-blanches ravage la Terre. Cette écologie de la libération, c’est donc embrasser l’ensemble des combats pour lutter contre les systèmes d’oppression patriarcale, capitaliste et coloniale. On navigue de l’éropolitique de Myriam Bahaffou aux mangroves du Collectif Vietnam Dioxine en passant par les salutaires dix mécanismes qui participent à la normalisation de l’exclusion des voix non-blanches en matière d’écologie du même Malcolm Ferdinand. Les mots se bousculent pour nous bousculer dans certaines visions civilisationnelles qui restent encore à la bouche de (trop) nombreux·ses responsables en Occident. Pas sûr qu’elles liront cet ouvrage foisonnant et vivifiant, mais ne tient qu’à nous d’en semer les graines ici ou là pour qu’elles germent. Et qui sait, peut-être viendront-elles à éclore en de hauts lieux où elles pourraient enfin ouvrir de nouveaux horizons décoloniaux pour la Terre et tous ses peuples.
July RobertTerres et Liberté — Manifeste antiraciste pour une écologie de la libération
Ouvrage collectif (coordonnée par Fatima Ouassak)
Les liens qui libèrent, 2025