Dès l’ouverture, The Roller, the Life, the Fight propose un angle. Celui d’aborder la migration à partir de la relation complice qui existe entre Hazem, Palestinien et contraint à l’exil, et Elettra, Italienne, venue étudier le cinéma en Belgique. Loin d’un film « sur », nous observons une coréalisation qui se fait à partir d’un désir mutuel de cinéma où raconter devient possible. « Faire quelque chose de beau ensemble, avec des sentiments », suggère Hazem à Elettra. Une proposition de film qui est aussi une invitation à contrer la laideur d’un monde engendrée par les politiques migratoires répressives et meurtrières, les contrôles aux frontières, le racisme et la politique de non accueil européen. Dans ce documentaire, nous suivons ce couple qui apprend à se connaître via leur caméra et à lutter ensemble pour la régularisation d’Hazem. Nous assistons aussi, aux détours de scènes, à leurs chamailleries, à des instants de vie et des moments d’évasion arrachés, notamment, par le roller, véritable passion pour Hazem depuis l’enfance. Il est, en effet, un moyen pour lui de retrouver une liberté que ça soit dans un Gaza assiégé où il est impossible d’aller au-delà de ses 40 km de long sur 10 km de large ou dans une Europe forteresse qui empêche la libre circulation des demandeurs d’asile. Le film qui a été tourné sur plusieurs années et avant la guerre actuelle de destruction totale de Gaza résonne avec le présent. Il est difficile de ne pas ressentir une émotion forte lorsque Hazem montre à Elettra des photos que lui envoie sa tante de Gaza : « Mon dieu, cet endroit est trop beau. Rien n’a changé », lui dit-il. The Roller, the Life, the Fight est un film où l’amour et l’amitié s’imposent comme voies politiques face à un monde qui enferme celles et ceux qui tentent de lui résister.
Aurélie GhalimThe Roller, the Life, the Fight - Tandor Productions
Elettra Bisogno, Hazem Alqaddi
Tandor Productions, 2024