Ce docu poétique et politique de 65 minutes aborde la question de l’espace public et de sa colonialité à Bruxelles, « capitale de l’Europe » et métropole (post)coloniale. Il a le grand mérite de ne pas se contenter de pointer du doigt les plaques commémoratives, noms de rues ou les monuments si problématiques qu’ils soient et élargit la question à la question de l’hospitalité de la rue et des institutions vis-à-vis des migrant·es et afrodescendant·es. Gonflé du flow et des vers de plusieurs conteurs et poétesses, il est ponctué d’infos qu’on peut saisir à la volée, mais la caméra de Mohammed Ali ne cherche pas à tout expliquer. Le docu veut en effet plutôt faire sentir le sujet, les corps et toute la volonté d’habiter et de réclamer l’espace. Ainsi les gestes, les déambulations et les voix qui clament : « Nous sommes ici parce que vous étiez là-bas. » Dans une succession de fragments, de luttes et de récits, la rue se montre petit à petit pour ce qu‘elle est : un espace politique et un territoire disputé. Qui peut s’y déplacer sans être délogé ? Qui peut y parler sans être réduit au silence ? Qui peut y marcher sans être contrôlé ? Le propos du film est le fruit d’un travail d’écriture collectif mené par la poétesse Milady Renoir en collaboration avec différents collectifs tels que la Voix des Sans-Papiers ou Mémoire coloniale et lutte contre les discriminations, ainsi que divers·es universitaires, activistes et artistes. À noter qu’une projection de Tout contact laisse une trace sera organisée le samedi 31 janvier 2026 au PianoFabriek (Saint Gilles) à 16h et suivie d’une rencontre-débat avec l’équipe du film.
Aurélien BerthierTout contact laisse une trace
Nizar Saleh Mohammed Ali
Zin TV, 2025
