Est-ce qu’il existe une spécificité de la culture Wallonie-Bruxelles à côté de la puissance de la France et au-delà la puissance de la culture anglo-saxonne ?
Tout d’abord, c’est toute l’ambiguïté du mot « culture ». Est-ce qu’il existe une culture ? Auquel cas si on répond, oui, il existe une culture, c’est qu’on lui donne un sens universel. Et donc, il est difficile de la contingenter sous l’angle d’un territoire ou d’une institution. Et j’ai tendance à dire qu’il existe une culture universelle, mais qui est détachée du territoire et qui est difficilement définissable parce que l’universalité est par nature quelque chose qui se construit dans le lien commun qui est lui-même très évolutif. C’est compliqué à expliquer, mais, pour moi, la culture universelle existe, mais ce n’est pas la culture wallonne.
Est-ce qu’il existe une culture wallonne ? Je pense qu’il existe des cultures wallonnes. La Wallonie est un espace géographique qui est en construction, l’identité est liée au territoire et il est courant de la décliner selon les saveurs du terroir. Je dis le mot ‘’saveur ‘’ volontairement parce, souvent, on a réduit la culture wallonne à son folklore, à ses dialectes, à ses produits de bouche. C’est une culture multiple au sens de la déclinaison du terme comme les déclinaisons que l’on a apprises dans les langues anciennes. Et donc, la culture est à la fois multiple, mais occupée à trouver ses repères d’identification. La culture francophone, entre les francophones de Bruxelles et les Wallons, existe aussi et elle est, elle-même, bigarrée, métissée. Elle est elle-même assez équivoque et se nourrit de ce caractère. Ce sont tous ceux qui lors de leurs études, se sont confrontés à la multiplicité des cultures à Bruxelles.
Ils viennent d’un terreau où ils ont effectivement vu une coloration particulière. Si on se rend ou habite à Bruxelles, on rencontre des populations beaucoup plus métissées. Donc l’approche du wallon au contact de la culture ou des cultures bruxelloises, est teintée de ces mouvements migratoires estudiantins d’abord, des navetteurs qui vont sur Bruxelles ensuite.
Maintenant, est-ce que la culture francophone bruxelloise au contact des Wallons en est, elle-même, imprégnée, je pense que oui, car il y existe de plus en plus une mobilité des Bruxellois vers la périphérie bruxelloise. Comme Bruxelles a toujours existé avec son hinterland brabançon flamand ou wallon, aujourd’hui, il y a de nouveaux territoires sur lesquels des Bruxellois vont planter leurs racines. C’est notamment le cas de la Wallonie picarde. Quand on voit que Charles Picqué a choisi de mettre sa seconde résidence sur une des communes qui fait partie de l’entité de Ath, quand je vois la composition d’une commune comme Enghien qui est véritablement devenue la porte de Bruxelles. Silly dont 40 % de la population est aujourd’hui bruxelloise, ou encore Lessines le Pays des Collines, partout les Bruxellois ont trouvé un lieu où ils peuvent vivre ou s’évader en dehors de la périphérie stricto sensu de Bruxelles. Oui, ce mouvement de friction de la culture francophone bruxelloise aux cultures de terroirs wallonnes est en train de se produire. Et il y a d’ailleurs un concept qui en est vraisemblablement né, c’est la « rurbanité ».
Ce sont à la fois des urbains, car ils possèdent une culture urbaine à la base, mais ancrée dans la ruralité. Et la ruralité devient un récipient d’exigences qualitatives supérieures, les services par exemple. On ne se contente plus de la bibliothèque de village, c’est l’événementiel que l’on veut attirer sur le territoire. Précisément, l’événementiel est apporté par ces populations. On a aujourd’hui des groupes maghrébins qui, viennent se produire dans la région et qui, au contact des populations des campagnes, s’enrichissent mutuellement.
Si tu devais classer les trois œuvres de la culture wallonne et bruxelloise qui ont été déterminantes dans tes choix politiques et esthétiques, quelles seraient-elles ?
D’abord, je suis très inspiré par le patrimoine architectural. Je sais que c’est un peu réducteur, mais ce que mes sens retiennent pour la Wallonie, c’est le Grand Hornu. Sa conception architecturale, le côté rotondinal de l’ensemble qui est en commun, la cohabitation de la culture et de l’économie qui se fait aujourd’hui par le redimensionnement muséal de ce lieu qui fut jadis un charbonnage m’inspirent. Le contemporain dans un site qui semble appartenir à un autre siècle m’intéresse.
Le deuxième élément que j’aimerais présenter si j’étais amené à capitaliser nos points saillants culturels, mais pour Bruxelles cette fois, ce serait le Théâtre de Toone. En disant cela, c’est presque l’image du piège à touristes. Mais en même temps, j’ai envie d’être provocant parce que le Théâtre de Toone, c’est le métissage linguistique parfait qui montre que cette terre bruxelloise dont le Zinneke est la langue de référence nous rappelle à une grande modestie. Cette friction culturelle a un côté extrêmement pertinent dans le Théâtre de Toone. Vous savez combien je suis attaché à la ville de Tournai, on considère le Théâtre de marionnettes comme une faculté d’exprimer une réalité, mais, d’un autre côté, les messages qui passent sont eux-mêmes porteurs de sens au-delà de ce côté un peu folklorique.
Et le troisième point saillant que je ferais découvrir sur la Wallonie, ce sont les dimensions culturelles invisibles qui font partie du patrimoine immatériel de l’humanité. Parmi elles, je ne prendrai pas les grands carnavals, mais davantage un moment qui a existé dans de nombreux villages, qui a tendance à disparaitre de plus en plus, et que l’on qualifiait dans cette partie de la Wallonie, en Wallonie picarde, de « soifée à l’écraine ». C’est un des points qui me manque d’ailleurs le plus dans la vie contemporaine. C’était ces bourses d’échanges émotionnelles de ce que l’on vivait pendant la journée. J’ai vécu cela non seulement en Wallonie picarde, mais aussi en Flandre. Les gens déposaient la chaise sur le trottoir ou invitaient chez eux les voisins.
Est-ce que tu es un adepte des langues régionales ? Trouves-tu que c’est hors temps ou en es-tu un fervent défenseur ?
Non, je ne suis pas quelqu’un qui les promeut pour la connaissance au sens de leur usage quotidien, mais moi-même je parle deux dialectes.
Je parle un dialecte flamand, celui de Braken, que très peu de gens comprennent. C’est véritablement un dialecte avec son propre vocabulaire. C’est presque une langue. Pour donner un exemple très concret, en néerlandais, une poche se dit « Zak ». À Braken, cela se dit « Molen », et à Renaix qui est à côté, cela se dit « Boze ». Donc voici le même mot qui a trois sens différents à quelques kilomètres de distance.
Le deuxième dialecte, c’est évidemment le wallon picard du Pays des Collines qui était la langue d’usage dans la génération de mon arrière-grand-mère. J’ai été élevé en grande partie par mon arrière-grand-mère et donc c’était aussi un dialecte qui m’a imprimé. Je peux le parler même si c’est très incorrect. Je parle moins bien le dialecte wallon picard que le dialecte flamand.
Donc, je ne suis pas insensible. Mais pour moi, leur usage ou leur enseignement dans les écoles n’aurait pas de sens sauf si on s’en servait comme des éléments de linguistes comparées. Parce que là on découvre beaucoup de choses.
Donc si le dialecte sert à cela, je trouve que cela a son usage. Si c’est pour faire croire qu’on peut relancer la connaissance dialectale dans les villages et les communes, je trouve que c’est plutôt à l’usage des groupes théâtraux, qui vont se forger sur le terrain, mais pas dans le cadre scolaire.
Est-ce que tu as une expression picarde qui te tient particulièrement à cœur ?
« Le bac finit toujours par se retourner sur le pourchau ». « Une auge finit toujours par se retourner sur le cochon ». Donc on devine intuitivement ce que cela veut dire et c’est la même chose avec l’expression « on est toujours noirci par un noir pot ». Cela se traduit par « on est toujours noirci par quelqu’un qui est plus sale que soi ».
En politique, cela inspire ceci comme réflexion : on doit s’abstenir d’avoir une attitude, un comportement qui se sert des défauts des autres et qui soutient le négatif des autres. C’est quand même une des raisons pour laquelle dans mon engagement politique, on ne m’entend jamais me positionner en termes d’opposition ad hominem.
Le monde politique aujourd’hui, n’est-il pas justement ce que tu dénonces : beaucoup plus un combat entre les hommes qu’un combat d’idées ?
La facilité c’est le combat entre les hommes et les femmes parce qu’il est individualisé. On raconte une histoire simple. Marguerite n’aime pas Julien parce qu’elle veut prendre sa place. Marguerite a eu Jean-Sébastien comme compagnon.
Ce sont des informations, je ne doute pas très intéressantes, dans un journal populaire. Il n’y a plus que les journaux populaires, qui font d’ailleurs florès, mais je doute fort que le débat politique en sorte enrichi. C’est pourtant le véhicule aujourd’hui par lequel les idées politiques progressent. On le voit dans le débat présidentiel en France, qui est d’une indigence remarquable et sur lequel il faudra un moment donné se pencher.
Où sont les grands orateurs ? Que ce soit devant les salles, bien sûr il y a toujours cette capacité de tribun chez l’un ou l’autre, mais ce n’est plus la règle générale. Plus de Jaurès ou de Zola ou de Hugo pour parler des tout grands. Mais simplement d’un Mitterrand ou même de quelqu’un qui est moins connu comme Pierre Mendès-France. Où sont les débats télévisés entre Mitterrand et Chirac ? On est vraiment dans le débat de personnes, Sarko aime unetelle, Sarko à la ferme, Sarko en avion, Hollande invité ou pas par un chef d’État, on dit qu’il ne serait pas le bienvenu parce qu’à droite on ne l’aime pas… Je ne trouve pas dans ce type de débat une vraie relation à l’idée politique. J’entends rarement aujourd’hui dans le débat politique une référence à des thèmes idéologiques. Je n’ai pas une lecture dogmatique de l’idéologie. Je crois même que c’est parce que je n’ai pas une lecture dogmatique de l’idéologique que je peux parler d’idéologie, mais en même temps je suis frustré d’absence de références idéologiques dans toute la discussion politique actuelle. Cela devient au mieux, ce qui me plaît aussi, une discussion sur les grands agrégats macroéconomiques. La politique est pourrie par deux choses. Elle est pourrie d’une part par son incontinence populiste personnalisante et d’autre part par sa technocratie. Quand j’entends aujourd’hui de quoi on parle en politique c’est de virgule, de pourcentage, d’algorithme, mais pas de grands projets…
Est-ce qu’il n’y a pas dans les sciences humaines, une hégémonie de l’économie libérale classique, 18 – 19e siècles, qui a englobé l’ensemble des débats ?
Je n’ai jamais été de ceux qui nient à l’économie son importance majeure parce que l’économie, c’est le lien culturel, social, organisationnel entre les hommes. On parle aujourd’hui de l’économie au sens très étroit et étriqué du terme : c’est la manière de rendre rentable, c’est la manière de répondre a un besoin du marché, c’est la manière de contraindre la masse monétaire en circulation, et si je pouvais aller jusqu’au bout du raisonnement, l’économie est réduite au monétarisme. C’est d’ailleurs un des drames de l’Europe aujourd’hui. C’est l’Union européenne qui à juste titre veille à ce qu’il y ait de la rigueur, de la discipline sur le plan budgétaire et en a fait un crédo. C’est comme si le budget devenait le veau en or des religions antiques. Non, le budget est un instrument et dans le budget la monnaie n’est qu’un sous-instrument. Le rôle de la Banque Centrale Européenne dans l’émission de monnaies est la manière d’éviter que l’euro ne soit attaqué par son affaiblissement sur base de cette masse monétaire.
Même les keynésiens, qui ne sont pas des gens de gauche, comme on a voulu les présenter, sont extrêmes centristes. J’ai une grande sympathie pour eux, mais ce ne sont pas des hommes de gauche. Aujourd’hui, ils n’ont plus leur place dans le débat politique. Il n’y a plus que les monétaristes. C’est une mise en abime des thèses qui réduisent finalement l’activité économique à sa portion congrue, à l’émission de monnaie en circulation.
Si tu deviens Bourgmestre de Tournai en octobre 2012, quelle serait la place que tu accorderais à la culture ?
D’abord, pour moi un projet de ville, c’est un projet qui organise la relation de l’homme et de la femme à l’environnement urbain, et Tournai est un environnement urbain atypique parce que c’est une ville de 35.000 habitants fusionnés avec
29 villages qui font eux-mêmes au total 35.000 habitants. Elle est donc dans un rapport parfait d’équilibre entre la campagne et la ville. Cette situation oblige à une réflexion sur la culture qui n’est pas une réflexion liée à des murs. Ce n’est pas la culture institutionnelle. Donc la relation des hommes et des femmes, dans une ville de ce type, à la culture est forcément une relation qui est empreinte de décentralisation constante.
Quelle est dans les villages de Tournai la manière de faire en sorte que chacun prenne part au projet ? Ce n’est pas simple. C’est d’ailleurs la plus grande commune en terme de superficie de Belgique avant Anvers. Dans ce contexte-là, la culture est un enjeu extrêmement compliqué. C’est aussi compliqué à Tournai que la réparation des routes. Cela fait rire parce qu’on comprend très bien ce que cela veut dire. Cela veut dire que l’essaimage des moyens dans une ville comme celle-ci par rapport à un projet culturel est un danger et une opportunité. L’inscription dans un plan communal de développement rural de Tournai est un des éléments de réponse à cela. Il ne suffit pas d’embellir des places publiques, il faut que, quand on a l’opportunité de le faire, il y ait des salles, des maisons de villages qui sont comme des maisons d’associations, des endroits où la vie culturelle vient lécher au plus bas niveau de citoyenneté possible les bases communales. Et puis à côté de cela, il y a toute la politique de l’événementiel.
Quelles réaffectations verrais-tu pour des lieux de culte en lieux culturels ? Je pense à une église comme celle de Sainte-Marguerite ?
Dans le projet de ville que je dépose, je voudrais requalifier toute la Place de Lille dans le périmètre de la Maison de la culture qui a été la toute première du pays. C’est intéressant parce que cette dimension montre que Tournai a toujours été une ville présente sur le terrain de la culture. La Place de Lille est une place juste à proximité de la Maison de la Culture qui pourrait être davantage dédiée à la culture. L’église Sainte Marguerite est un lieu de culte, de culte à culture, il y a quelque chose, il y a agriculture. C’est d’ailleurs une de mes toutes premières remarques quand j’étais ministre de la Culture. Je rappelais que les racines de la culture sont effectivement dans l’agriculture, et le mot en latin a été utilisé au sens figuré du terme. C’est intéressant pour analyser aussi ce que c’est la culture au sens sémantique du terme : c’est l’ensemencement, c’est la faculté de reproduire avec des idées, des graines, qui va alimenter au sens spirituel du terme le cerveau. Donc, agriculture, culte, culture, au-delà de la consonance et de la gentille sémantique que je viens de rappeler, ont une relation organique à la même chose. C’est l’être humain dans sa relation de communion.
Quel est le grand personnage historique et le grand intellectuel qui aujourd’hui imprègnent ton engagement politique ?
Le grand personnage historique, c’est Spartacus. Je trouve que c’est un des plus beaux moments de révolte de l’humanité. Ce sont ceux-là mêmes qui sont placés dans la même position que les kapos dans les camps de concentration et d’extermination allemands qui doivent surveiller les leurs dans des conditions de dégradation où ils sont annihilés psychologiquement. Ces esclaves qui sont des gladiateurs sont ceux qui doivent faire verser le sang des leurs pour survivre un petit peu plus longtemps. Je trouve qu’il y a là une filiation et que ce sont ceux-là qui se sont révoltés à un moment donné contre leurs oppresseurs auxquels ils offraient un spectacle. Ils se sont transformés en forces armées organisées, ont résisté, et pour finir aussi, comme dans le Germinal de Zola avec leurs martyrs, ils ont été crucifiés sur une voie longue qui menait à Rome. C’étaient les premières bases de la révolte humaine, en tout cas dans notre histoire, contre l’oppression. Ce qui explique que des mouvements de gauche, les spartakistes, Rosa Luxembourg, s’en sont inspirés par la suite. Je reste attaché à ce personnage.
Privilégier un intellectuel, c’est extrêmement difficile parce qu’il y en a des myriades. Si je devais en choisir un, très modestement, je choisirais quelqu’un qui n’est peut-être pas un intellectuel à la hauteur des sphères internationales, mais qui m’a touché personnellement. C’est Marcel Liebman.
Pour son marxisme, pour son engagement en tant que juif, pour sa résistance universitaire ?
Par sa judaïté contestataire très active dans l’UPJB en choc frontal avec les Juifs conservateurs, par son inspiration marxienne elle-même assez décalée dont je me sens un enfant même si je n’ai pas la même pensée que lui. J’ai une pensée un peu différente. Et puis par sa capacité de mise en dialectique. Je me souviens de cours dans lesquels il développait une thèse devant des gens de tous horizons, notamment à Solvay, avec évidemment des oppositions radicales. Il allait jusqu’au bout des arguments de conviction pour faire succomber les résistants. Et quand il avait fait succomber le dernier résistant un peu conservateur, dans la salle, il disait : « eh bien tout ce que je viens de vous dire, je n’y crois pas ».
Quel est le dernier roman, la dernière musique que tu as lu et écoutée ?
Un film bouleversant. « The Man from Earth », L’Homme de la Terre. C’est un film, une coproduction canadienne, je pense, qui raconte l’histoire d’un homme d’une quarantaine d’années, qui réunit ses amis, profs d’unif dans différents domaines sciences, psychiatrie… et qui leur avoue avoir plus de 40.000 ans. C’est un homme qui n’arrive pas à mourir et qui a vécu le néolithique. La question est : est-ce que ce type est un fou ou est-ce que son histoire est vraie ?
Sur le plan intellectuel, c’est un des plus grands moments de plaisir que j’ai eu depuis très longtemps à partager.
Et ton rapport à la musique ?
Je pourrais parler de ce que je n’écoute pas, je déteste la musique agressive et je suis assez irrité par la musique électronique. C’est peut-être une forme d’hermétisme à une évolution très récente de la musique. Je suis sensible aux musiques douces. C’est tellement classique pour un laïc de se référer à Mozart… Je suis plus marqué par les voix et les chants italiens, par un artiste comme Zucchero ou le Russe Vyssotski qui sont un petit peu dans le même registre, qui me touche. Brel, bien sûr.
Le rapport à la nature, cela t’inspire ?
Oui, j’aime le vélo et singulièrement le VTT. J’ai pratiqué longtemps le vélo sur route et j’aimais d’ailleurs le faire à titre presque de compétition. Quand j’étais jeune, j’étais sur la route tout le temps. J’ai fait des rallyes à vélo, des compétitions, mais maintenant, je fais du VTT. Pour moi, c’est le moyen de rejoindre le plus directement la forêt, la nature, et de sentir l’odeur de la terre. J’ai un rapport sensuel à l’odeur de la terre. J’aime l’odeur de l’humus. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais c’est ce qui me reconstruit le plus.
Pour toi, le lieu enchanté sur la planète, à part Tournai, ce serait où ?
En dehors de ma terre tournaisienne et du Pays des Collines que j’aime beaucoup, ce serait une ville qui est un ancien comptoir grec, une péninsule aujourd’hui en Bulgarie, où je vais quasiment chaque année, construite encore de vielles maisons en moellons de pierre et un encorbellement avec des pièces de chêne. C’est la ville de Sozopol, Sozopolis. C’est une ville dans laquelle nous avons des amis qui ont une maison un peu isolée de tout. C’est comme si on retournait au moins deux siècles en arrière. Là, c’est la mer Noire qui est une mer d’encre à certains moments. Elle peut être parfaitement opaque. C’est un contexte climatique qui ressemble très fort au contexte méditerranéen. On a souvent de la Bulgarie une vision d’un pays de l’Est, de l’ex-bloc communiste. C’est faux. Si l’on regarde bien une carte, le nord de la Bulgarie commence à la latitude de Rome. On est là-bas dans un climat qui est très agréable l’été, plus dur l’hiver, car il ne bénéficie pas du Gulf Stream comme nous l’avons ici dans notre partie de l’Europe. Mais c’est vraiment un coin de paradis.
Quelle est ta période de l’histoire préférée ?
Le futur.
Le trait de caractère de Rudy Demotte ?
Son pire défaut, c’est la patience, et sa pire qualité, c’est aussi la patience !