3 mai 2020
Derrière ma fenêtre je vois… Tes mots
J’entends tes mots dans le monde réel
Vêtue de peau triste, c’est abondant
Je respire la confusion, position isolée
Je conçois le pouvoir de faire peur à la mort
Je comprends tes mots monde idéal
Me condamne une nuit fondue, je suis la poussière des étoiles
Je suis la fille de l’homme, j’imagine un avenir qui ne nous inclus pas, avec culpabilité
Je discours avec la lune, l’éthique optionnelle, la vie avec respect
Je perçois tes mots monde virtuel
L’insomnie viole mon sang
L’instrument de résistance, les échappements
Ton visage, prison de lumière, prie pour un destin tranquille sans fierté
Je me soumets à ton jeu, el abus susurre liberté
Je respire vos notes mon monde
L’humanité me pénètre, j’aime l´haleine éphémère, l’art
La femme vulnérable respire des cris, secrète des plaisirs
Le corps cesse d’être, sans promesse, aime
Aime des temps infinis, aime 14 fois.
(Dominique Cuvelier)
5 mai 2020
« Derrière ma fenêtre, entre chien et loup, je me réjouis de les voir passer au-dessus de la mare.
Leur vol saccadé à gober les mouchettes, leur danse sans rythme, à l’aveugle, les font se frôler…
C’est l’heure des demoiselles de velours !
Un ballet vif et silencieux…
Seul le frémissement du vent caressant les jeunes feuilles du hêtre pourpre trouble la quiétude.
Bientôt la nuit noire. Fermer les tentures.
Puis les yeux. »
(André Fraselle)
***
Derrière ma fenêtre,
Je devine au clair de lune
Les arbres qui batifolent au vent taquin.
Leurs mouvements cadencés m’hypnotisent
Et me plongent dans une exquise léthargie.
Mon esprit s’évade, s’égare en honteuses confusions.
Et je m’enfonce dans quelque nuit audacieuse,
Alors que j’ai tant d’affection à prodiguer.
Ce faisant, il ne me reste ainsi
Que l’errance dans l’ombre du rêve.
Soudainement, incube devenu, je brise la trêve des sages.
L’outrage aux mœurs exerce sans détour.
Ma courtisane s’adonne aux joies de la chair,
Tandis que mes sentiments se gonflent d’insolence.
Mais, mais…
La pluie s’est mise à gifler ma fenêtre,
Rompant ainsi le charme.
Le subtil nocturne se gorge d’âpreté.
S’en suit alors le froid réveil.
La peau soyeuse de l’amante d’un songe,
Qu’un temps je lissais du bout des doigts,
S’est transformée en draps froissés par nos secrets ébats de nuit…
(Rony Vanecht)
***
Derrière ma fenêtre, je vois
Derrière ma fenêtre, une oie
Se pose dans un jardin à deux pas de mes voisins.
J’aimerais échanger pour quelques minutes cruelles
Ma vie de confiné avec elle.
Prendre mon envol, tutoyer les nuages
Me laisser porter, faire dorer mon plumage,
Puis redescendre avec panache
Ou m’écraser comme une tâche.
Une de mes voisines sans un bruit
M’observe et rit
Depuis sa fenêtre à elle.
Cette oie que je vis.
(Thomas Clavier)
***
Derrière ma fenêtre, je vois une aube rose et des arbres bleus bousculés par un vent pataud. Le chat se perche sur la tablette, observe et s’endort sur son domaine.
Mes index lisent dans le creux de mes cernes le sursaut d’angoisse et le nombre d’heures volées au sommeil. Ces heures filent et disparaissent avec le chant du merle, peut-être reviendront-elles cet après-midi ?
Je vois l’herbe s’épaissir, je sais que les tondeuses vont bientôt vrombir. Les enfants se précipiteront dans le jardin, ils feront vite vite de petits bouquets de pâquerettes qu’ils noieront dans un verre à moutarde. Le verre est déjà prêt dans la cuisine, juste à côté de la machine à café.
Derrière ma fenêtre, je revois une autre fenêtre, j’y plonge comme on aime le faire dans ses jolis souvenirs, je suis heureuse que mes défunts soient épargnés de cette guerre-là. J’espère que bientôt le sommeil me reviendra.
(Elizabeth Mercatoris)
***
Derrière ma fenêtre, je vois… du bruit.
Je vois des gens,
Des petits, des grands,
Ils ont des gants,
Ce n’est pas marrant.
Devant ma fenêtre,
Un tas de gants,
C’est sale les gens !
Ah mais ! On est les gens !
Pourquoi tous ces gants ?
Y avait pas ça avant !
Était-ce mieux pour autant ?
Au temps où on partait dans le vent…?
Je ne sais maintenant,
Pourquoi tous ces gens,
Avant si souriants,
Se regardent en pleurant.
À côté de ma fenêtre,
Un cerf-volant,
Jaune… qui attend…
En vous remerciant,
(Marina Bay)
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Derrière ma fenêtre, je vois le ballet des noisetiers, rythmé par les coups de vent imprévisibles.
Je vois les nuages gris et blancs défiler aux sons d’une fanfare inaudible.
Je vois la pluie remplir, goutte à goutte, la brouette oubliée sur la terrasse.
Je vois… Non, j’ai cru voir…
(Alain Baume)
6 mai 2020
Derrière ma fenêtre, ce soir je vois la pleine lune briller entre les arbres.
Et dans sa lumière féerique,
Je devine le vol erratique des pipistrelles.
Instants suspendus dans la magie du silence
(Anne Berger)
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Derrière ma fenêtre je vois… un appel au secours,
Dans un Monde qui s’effrite, se « delete »,
Dans un Monde qui se perd et se cherche dans la solitude,
Emporté dans un tourbillon de folie le chaos donne la place aux plus forts,
et, laisse le plus faible sur le carreau,
On a perdu le sens, l’essence ciel de la vie !
Ce qui nous fait vibrer, rêver et vivre ! »
(Concetta Amella)
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7 mai 2020
Derrière ma sa fenêtre, je vois la nature dans son effervescence printanière que nous égrainons dans nos balades. Derrière sa fenêtre, je vois les étoiles du ciel qu’ici les lumières de la ville n’occultent pas. De sa fenêtre, je perçois le bruit apaisant de l’eau du ruisseau qui coule en bas du jardin. De ses bras, je ne vois que nos deux êtres si passionnément, si étonnement en symbiose que j’en oublie le réel, le quotidien, le passé et le futur. De ses mains, je ne vois que le présent qui m’inonde, me transporte, m’amuse aussi et surtout m’enchante. Mais, bientôt, je vais devoir retourner à ma fenêtre et remettre un pied dans le réel. Mon cœur, cependant lui, restera derrière sa fenêtre…
(Carine Remy)
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De ma fenêtre, je vois…
Et si je ne voyais plus rien ?
Rien d’autre que ce que ces moments suspendus peuvent m’offrir… du temps.
Du temps pour profiter du soleil
Du temps pour me perdre dans un roman
Du temps pour chouchouter ceux que j’aime
Du temps pour eux
Du temps pour vous
Du temps pour moi… enfin.
(Laurence Falque)
8 mai 2020
« From my window, I see the invisible.
From my window, I see the unbelievable.
From my window, I see the unacceptable.
From my window, I see my own suffering.
So, let me close the curtains.
(Thierry Thaï)
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08 mai.
Derrière ma fenêtre, je vois le jour qui se lève. Oui, mais…
Oui, mais je ne l’aime pas. Oui, il est là, je n’en veux pas, pas comme ça !
Oui mais, il est là et je ne lui en veux pas.
Oui mais, oui, mais…
08 mai, oui mais 2020 !
Ci-joint, notre petit rdv, éprouvant et important ! Elle a 90 ans, j’en ai 50. #Covid19 #Fatiguée
(Marina Bay)
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Derrière la fenêtre, je vois la rue et de l’autre côté de cette rue il y a un coq qui me dit aujourd’hui, il va y avoir un soleil aussi beau et aussi chaud que dans ta Provence. Derrière la fenêtre, je vois ce coq posé fièrement à la pointe d’un toit d’une maison carrée, cette jolie maison que rebâtit patiemment un vieil homme qui ne parait pas son âge. Derrière la fenêtre je vois les hirondelles virevolter dans les airs mais aussi des moineaux venir, se désaltérer, dans la petite fontaine qui trône au centre d’un carré d’herbe verte. Derrière la fenêtre je vois cette table, cette chaise qui m’invite à passer de l’autre côté de la fenêtre. Alors j’entendrai les gazouillis des oiseaux, je sentirai l’odeur de l’herbe verte et saluerai le coq qui m’a invité à profiter de cette belle journée. »
(Catherine Bailleux Goedert)
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Il semble que le déconfinement soit amorcé. Je n’ai pas encore décodé toute la palette émotionnelle dans laquelle je suis au début de ce mouvement vers « l’après ». Je sens du soulagement mêlé d’inquiétude, de l’impatience de retrouver « le monde » (et retrouver peu à peu en vrai les êtres qui me sont chers !) mêlé du désir de continuer à goûter la lenteur, le silence, l’intériorité, la connexion aux autres qu’humains. Et je sens aussi la peur de l’effet rebond de la consommation, du retour au business as usual. Puissions-nous rester conscients que ce qui nous manquait surtout étaient les contacts et les liens. Puissions-nous les retrouver et les réinventer dans une juste sobriété et simplicité.
Je sens aussi en moi, l’élan d’évoquer la résilience. Cette « crise » nous a toutes et tous touchés mais pas de la même façon, pas avec la même intensité et pas sur les mêmes « terrains de fragilité ». Parmi nous et autour de nous, il y a celles et ceux qui ont ce qu’on appelle des facteurs de protection (notamment liés à la sécurité matérielle et affective, à la santé psychique et physique), qui vont les amener à contacter avec fluidité leurs ressources de résilience. Celleux-là vont rebondir. Et puis, il y a, parmi nous et autour de nous, celles et ceux qui ont des facteurs de vulnérabilité importants (précarité et autres chocs et traumas générés ou accentués par la crise sanitaire) qui rendront l’accès à cette capacité de résilience beaucoup plus complexe. J’ai la profonde conviction que si nous sommes parmi celleux du « premier groupe », nous avons la responsabilité de cultiver et consolider notre ancrage, notre force intérieure pour devenir des tuteurs de résilience pour celleux qui n’ont pas cette chance. Que ce soit la résilience matérielle ou psychologique et émotionnelle, puissions-nous avoir la résilience solidaire ! Je souhaite à chacune et chacun un doux déconfinement, une résilience féconde et généreuse, une joyeuse détermination à grandir en humanité en co-créant la suite de l’histoire au service et dans le respect du vivant ! AMOUR, COMPASSION ET GRATITUDE
(Nathalie Grosjean)
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Derrière la fenêtre, je vois mon volet baissé.
J’imagine mes voisins se demander qui peut bien faire aller la musique si fort ?
J’exécute quelques pas de danse. Mon public, mon public imaginaire, ils sont des millions, sait quel talent je possède. J’incarne la grâce. Alors, je reprends de plus belle mon micro brosse et j’en perds la voix. Mon public ne m’en veut pas ! Mon public m’aime !
Je ne vois pas mes voisins mais je les imagine.
Je les imagine se rassembler dans la rue,
Je les imagine se rassembler en grappe de deux ou trois,
puis, en une masse grouillante,
compacte,
faire des commérages,
échafauder des hypothèses loufoques,
jalouser mon prestige,
envier jusqu’à l’écume de rage moussant entre les dents mon talent,
pester sur mes volets fermés à la peinture écaillée,
et hop, se contaminer.
Sur une pancarte, on lira bientôt : Quartier à vendre.
Silence.
Ceci est une fiction, je danse et chante évidemment les volets ouverts ! Mon public ? Il vaut des millions, ce sont les deux yeux d’un chat ! Mes voisins se fichent du bruit que je peux faire, on vit chacun chez soi. »
(Elisabeth Mercatoris)
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Par la fenêtre, en me levant le matin, je vois les hirondelles qui viennent faire leur nid et bientôt en me levant le matin je vais pouvoir entendre le gazouillement des hirondelles. Protégeons les hirondelles.
(Jean)
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De ma fenêtre je vois d’autres fenêtres, les plus proches, celles de l’autre côté de la rue sont muettes, elles sont garnies de papier journal comme ceux qui ne veulent pas qu’on les voie et qui n’ont pas assez d’argent pour se payer des rideaux. Avant j’y voyais des chats, je leur faisais coucou, ils me regardaient avec des yeux ronds, peut-être que leur propriétaire n’a pas apprécié ? De ma fenêtre, je vois d’autres fenêtres avec des bouts de tissus en guise de rideaux comme tous les gens qui ne peuvent pas s’en payer des vrais faits sur mesure. Sous les toits que j’aperçois, je devine la misère, la poussière, le brol dont on ne sait pas se débarrasser, les trucs ramassés dans la rue — on sait jamais — mais au-dessus, il y a le ciel étincelant, éclatant, indifférent et vaste comme un océan. »
(Marie-Pierre Sokal)
9 mai 2020
Derrière ma fenêtre, je vois le crépuscule d’un joli soir de printemps, j’entends les oiseaux qui se disputent les dernières minutes de soleil, j’écoute la nuit qui frappe au carreau. Petit à petit le noir s’installe, enveloppant la nature et le silence du jour fait place au silence de la campagne qui s’éteint. Et derrière la fenêtre, maintenant, je ne vois plus rien… enfin si je vois mon reflet que la lumière renvoie, un face-à-face étrange entre lui et moi, on se regarde à peine et on ne se parle pas, on garde ses distances, on s’ignore presque… il faut dire que ces dernières semaines on a dû se parler franchement, jouer cartes sur table et on n’a pas toujours été d’accord, alors… parfois, on s’évite… l’un tente de raisonner l’autre, essaye de le rassurer, mais le double ne veut rien entendre, il s’isole, réfléchit… de trop ! Et puis derrière ma fenêtre, la lumière extérieure s’allume… le chien doit satisfaire un besoin pressant, et ce pipi du soir nous réconcilie mon image et moi et nous ne faisons à nouveau plus qu’un ! »
(Yannicke Wauthier)
***
Derrière la fenêtre de mes yeux je vois des personnes masquées… et suis attirée par l’intensité de leurs regards…
Les yeux, seule partie visible sous le masque, expriment une multitude de choses !
Regards profonds ou fuyants, joyeux ou tristes, attirants ou vides…
Les yeux sont la porte de l’âme et par eux nous pouvons ressentir toute l’émotion ou les émotions contenues…
Joyeuses, sympathiques, avenantes, souffrantes, tristes, aimantes, pleines de douceur, agressives, révoltées…
J’aime les regards francs qui ne fuient pas…
Une amie appelle cela “des coucous d’âme“ 😉
Beaucoup de choses peuvent être dites au travers d’un regard !
Sans aucune parole et dans le plus profond silence, un dialogue s’installe.
La mimique des yeux est une manière comme une autre de s’exprimer !
Tout comme le décodage du gestuel !
Et vous, que lisez-vous dans les regards croisés ?
Y prenez-vous attention ?
Êtes-vous à l’aise quand une personne vous fixe, les yeux dans les yeux ?
Qu’est-ce que vous ressentez comme sentiments ?
De la curiosité, du plaisir, de la gêne, un mal être…
Posez-vous la question… 😉
Je vous souhaite de beaux prochains échanges avec cette nouvelle conscience. »
(Martine Patinet)
***
Derrière ma fenêtre je vois,…
L’aube d’un nouveau monde,…
Où demain ne sera plus pareille,…
Tout sera différent,…
Visages camouflés,
Regards croisés,
Voix masquées,
Quelle sera notre attitude ?
Serons-nous idem, indemnes… Après…
La peur s’installe devant l’inconnu,…
L’angoisse, la poisse fait place à la révolte…
Quelle sera notre place sur le grand échiquier de la vie ?
Aurons-nous le droit de choisir, ou devrons-nous suivre ?
Sera-t-elle imposée ou pas ?
Serons-nous le Roi, la Reine de plein pouvoir ?
Le Cavalier qui d’étale ?
La Tour qui détourne ?
Le Fou qui divertit ?
Ou le pion qui exécute ?…
(Concetta Amella)
***
Personnellement, pour faire bref, ma première réaction a été d’un pessimisme absolu : au centre d’une dystopie qui fait de l’enfer un paradis. Et puis peu à peu, je vois les choses autrement et me prends à goûter de petits moments de pur paradis : écouter le « Stabat Mater » de Pergolèse en cousant un bouton ou en épluchant des pommes de terre…
(Ghislaine Deschuyteneer)
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