24 avril 2020
Derrière ma fenêtre, je vois le soleil, il donne la vie…
Le jour, mais il ne reste pas.
Derrière ma fenêtre, je vois la nuit et ses ombres menaçantes. Maintenant, c’est plus difficile, où sont l’espoir, la gaité forcée et les lendemains qui chantent ?
Elle a une sale gueule, la vie, derrière ma fenêtre la nuit. Elles ont des têtes affreuses leurs promesses. Il a un petit air souffreteux l’avenir vu comme ça.
De ce côté-ci de ma fenêtre la nuit, ce n’est pas mieux, les ombres sont plus proches, les bruits sourds plus présents, la menace moins lointaine, moins subtile.
De ce côté-ci, je ne crains pas l’avenir. De ce côté-ci, j’ai peur d’un bruit de pas. De ce côté-ci, dans ma chambre, je n’ai pas peur de demain.
J’ai peur de maintenant…
(Anne Berger)
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Derrière ma fenêtre, je vois la vie qui refleurit, qui reprend son souffle avant d’étouffer sous un soleil cuisant. Il est déjà loin l’hiver qui nous faisait croire que nous étions à la montagne ou dans le grand nord. Ce froid qui immobilisait l’eau dans les tuyaux, qui recouvrait la nature d’un blanc étincelant, qui nous donnait envie de nous suspendre à la crémaillère au-dessus du foyer. Oui derrière ma fenêtre je vois les nuages en forme de cœur qui me donnent l’espoir d’une nature qui reprend ses droits petit à petit et qui nous promet à nouveau les 4 saisons de Vivaldi. Derrière ma fenêtre, je vois et j’entends tes pas feutrés qui se rapprochent de moi, des pas de velours dans ce ciel incroyablement bleu d’avril. Les nuages vont bientôt cracher des gouttes de pluie pour un printemps verdoyant. Derrière ma fenêtre, je vois que nous en avons déjà bien profité de ce soleil brûlant.
Cœur avec les doigts.
(Sofbelle Nergöc)
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Derrière ma fenêtre, je vois l’autre que je n’étais plus vraiment, celui dont j’avais perdu la trace… Cet enfant qui a grandi selon des codes, des valeurs, des rêves, mais qui s’est laissé domestiquer par une société raisonnable et normée… L’adulte accompli s’était assis sur l’enfant qui pleurait doucement, étouffant un peu… L’enfant s’est rebellé bien avant d’être confiné, et l’adulte le remercie à présent de cette étreinte que l’on ne peut interdire… Ces retrouvailles ont nourri des doutes et des peurs qui lui rappellent qu’il est en vie, qu’il est « Un » avec ses semblables dont il ne parvient à les aimer tous individuellement… Conscient qu’ils sont le reflet de son âme, il s’aime assez lui-même que pour les aimer tous en « Un », puisque nous sommes indissociables… Ainsi, il trouve une Paix qu’il n’avait jamais connue, et il a confiance en l’inconnu qui maintient sa conscience éveillée… (Vincent Poitier)
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Derrière ma fenêtre, j’ai vu le désenchantement de certaines personnes, la peur d’autres, la colère et la médisance d’un petit nombre avec beaucoup d’intolérance… j’ai vu aussi l’insouciance d’une poignée qui, bon gré mal gré, voulait poursuivre toutes sortes d’activités.
J’y vois aussi beaucoup d’enthousiasme, de reconnaissance et de partages… j’y vois toujours de la créativité, de l’humour et de la tendresse, de la solidarité.
J’y verrai encore de la douceur, de l’amour même, car j’aime à croire qu’au-delà de l’idiotie de certains, l’être humain sentira les bienfaits des attitudes positives, sensibles et respectueuses que chacun de nous pouvons témoigner à tout moment.
Derrière ma fenêtre je vois… le soleil… (Nat Grégoire)
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J’ai les pensées qui vagabondent, elles sont toujours désordonnées.
Comme un Loir, une Chouette ou une Punaise, j’occupe un petit grenier. J’aime ça, car à peine passée la porte, mon regard embrasse tout ce que je possède. C’est un peu comme vivre dans une cabane en haut d’un arbre. Il y a des fenêtres dans tous les sens. Même des fenêtres sur le ciel. Mes émotions changent aussi vite que la volte du loir, le coup d’aile de la punaise ou le clignement de paupières de la chouette. Ici, je vois (si je me force un peu)… une licorne multi couleurs obèse, le cou raide, la corne conquérante, les yeux globuleux, la bouche figée en un rictus inquiétant. Elle flotte dans une piscine bleue turquoise parmi d’autres animaux en plastique gonflés et prêts à exploser. Ils glouglouttent. Ils s’entre-cognent comme des boules de flipper. Des papillons butinent les gouttelettes d’eau chlorée. Mouvement d’ailes de papillon.…Là…
Comme des pétales, ils se mêlent au vent et basculent de l’autre côté de la haie de hêtres secs ils viennent se fondre aux fleurs mauves du Paulownia, un des poumons du jardin. Les branches de cet arbre majestueux sont unies à celles du Robinier. Les choucas des tours passent de l’un à l’autre. Ils plongent le regard bleu de leurs yeux dans le doré des miens. Le parfum de la Viorne me chauffe les narines. Les mésanges se chamaillent et se fabriquent des moustaches avec des poils de chat. Ceux que je laisse chaque jour dans la gouttière. Au fond du jardin, je vois l’eau du fleuve qui court vers le confluent. La grive musicienne et le merle peu farouches me narguent. Leurs chants couvrent le ronronnement du moteur du bus à l’arrêt. Ils s’élancent du sol, le bec débordant de vermisseaux. De l’autre côté de ma pièce de vie s’étend la forêt, vivante, vibrante, odorante, verdoyante, chantante, gazouillante, mouvante, bruissante. Elle est comme un géant repu étalé sur le sol. Les rochers sont ses épaules, les arbres sont ses côtes, les sentiers sont ses hanches, les étangs sont ses jambes, les animaux sont son sang, chaque nid, chaque fourré, chaque terrier, chaque cabane d’enfant, sont son crâne.
Ce géant m’attire. Je dois simplement enfiler mes bottines, passer la grille du jardin.…
Gonfler les poumons, le ventre, inspirer fort par le nez, souffler fort par la bouche.
Être seule c’est souvent bien. Ce serait même une forme de jouissance. La solitude imposée, c’est terrible. Je me tiens maintenant accroupie dans un tipi de branches mêlées. Pensées émues pour les humains qui vivent cette solitude imposée depuis plus longtemps que cette « crise sanitaire ». Pensées émues pour ceux qui la vivront encore. Après.
Les fenêtres, je les veux ouvertes. Depuis toujours et pour toujours. Sans la buée, sans les gouttes de pluie, sans le givre. Quand les fenêtres sont ouvertes, la vision est plus précise. (Ingrid Bravin)
25 avril 2020
Derrière ma fenêtre j’y vois des pensées qui se construisent autour d’un renouveau, j’y vois l’espoir naître dans le changement d’attitude des personnes, j’y vois du respect et une remise à niveau des secteurs, avec la lumière qui éclaire les vrais héros qui continuent leur travail quelles que soient leurs conditions et leurs moyens. J’y vois aussi une société qui rame a essayer de garder les mêmes convictions et façon de faire alors que les mentalités elles s’ouvrent et évoluent à d’autres aspirations. Je vois des jeunes investis tant pour la planète que pour leur avenir, des enfants qui éduquent leurs parents à l’écologie, je vois enfin une révolution naturelle sans guerre ni missiles qui renvoie chaque individu à sa responsabilité d’humain et a son rôle dans ce qui se passe pour ce monde. (Aurore Francq Gretz)
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Derrière ma fenêtre, je vois ce que mon cerveau ne voit pas… Mon cerveau perçoit des influx électriques, mais mon âme n’est pas un organe et elle « voit », elle « sait » mieux que moi… Elle connait les autres âmes, les énergies, je le sens… Mon âme ne se sent pas seule, et j’aspire à ce que chacun s’éveille à la sienne, quittant tout jugement intérieur, toute douleur, toute peur… La Paix n’est pas le bonheur… Les « autres » ne le sont pas plus… Inutile de tenter de les convaincre… Au mieux peut-on les appeler à eux-mêmes, les inviter à se délester de leurs colères, leurs peurs, leurs douleurs, car elles leur appartiennent et souvent, cela, ils l’ignorent… Si demain se veut différent, c’est parce que chaque jour l’est, qu’on le veuille ou non… Modifions notre perception de notre réalité, et nous participerons humblement à la nouvelle Terre… Nous ne voyons que ce que nous sommes, moi le premier, sans leçon donner, puisque j’apprends à chaque instant, et que chaque instant m’apprend… Tout va bien, tout est à sa place, tout le temps… Rien n’est juste ni injuste, Tout « EST »… Toute intention est une action… » (Vincent Poitier)
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De ma fenêtre je vois,
La colline qui verdit,
J’en devine les sous-bois,
Ses secrets, ses abris.
De ma fenêtre je vois,
Le saule pleureur qui rit,
Et l’effluve des lilas,
M’enivre, me poursuit.
Dans ma fenêtre je vois,
Mon reflet qui sourit,
Le printemps est bien là,
Confinée mais ravie.
(Sylvie Pontzeele)
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Derrière ma fenêtre, je ne vois pas grand-chose en fait. La crasse qui vient de l’extérieur est épaisse et l’a rendue opaque. La bêtise, ça salit. Comme l’agressivité d’ailleurs. J’ai beau frotter à l’intérieur, ça ne sert à rien. Les mots chargés de haine, de violence, de rejet viennent se plaquer les uns sur les autres. Il y a une espèce de surenchère dans l’expression du sombre, des pensées noires. Les mots moqueurs, les expressions assassines, l’humour noir, le cynisme veulent être au premier rang. La vérité de l’un combat la vérité de l’autre, la notion de respect, de tolérance est aux abonnés absents. Les informations surtout les fausses se poussent, se bousculent et paradent jusqu’à ce qu’elles soient remplacées par d’autres plus fausses ou un peu moins.
« Ouvre la fenêtre », me dit une petite voix, « Nettoie les vitres. » Pourquoi pas ? Je n’ai vraiment rien à perdre.
Il fait lumineux dehors. Pas d’humains dans la rue. Juste une incroyable chaleur qui emplit l’espace. Toutes les fenêtres sont grandes ouvertes. On dirait que tous les cœurs confinés se sont donné rendez-vous à l’extérieur. L’amour se balade, tranquille. Accompagné de la confiance et de l’espoir, il gambade comme un enfant insouciant. Je me sens tout à coup légère, sans plus aucun doute quant à l’avenir de l’humanité. Je souris aux voisins d’en face, à ceux de gauche et à ceux de droite. Ils me saluent avec leur cœur. Serions-nous capables de nous sauver ? (Patricia Bellot)
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26 avril 2020
- CONFINARIUM — (chanson)
On ne compte plus les morts
Il ne nait de remords
Dans la tête des mentors
Des néfastes chercheurs d’or
On réouvre les écoles
Mais qui c’est qui s’y colle
Les parents dégringolent
D’autres sombrent dans l’alcool
Paraît que la nicotine
Mieux que la chloroquine
Protégerait nos usines
D’une faillite anodine
Dans mon rétroviseur
Je vois surtout la peur
L’angoisse et la douleur
D’un soleil sans chaleur
Montrez-nous donc la route
Sans tristesse et sans doute
Comment gagner sa croute
Avec un moteur qui broute
Protégeons nos enfants
Nous en avons le temps
À défaut de l’argent
Nous sommes surtout aimants
De nos pleurs à nos joies
Notre plus bel émoi
N’en à faire de leurs lois
Rédigées pour des rois
Va t’faire voir Président
Sans vertu et sans dent
T’es plus là pour longtemps
Garde-le ton argent
On est souvent déçus
On en tombe sur le cul
On se relève bossus
Abîmés et tordus
Mais devant nous le ciel
Nous procure l’essentiel
De la paix et du miel
Et la tendresse, bordel
Quand on n’a que l’amour
Il faut en faire le tour
Garder l’espoir toujours
Prendre un billet retour
Je vous aime tellement
Ma femme et mes enfants
Mes amis, mes parents
Dans mes bras, comme avant
Je chante cette chanson
Sans paillette, sans façon
Leur virus à la con
Partira pour de bon
(Denis Fourrier)
28 avril 2020
Derrière ma fenêtre…
D’abord, je vois notre terrasse en bois avec, juste au bord, quelques soucis orange… je préfère qu’ils soient dehors plutôt que dedans !
Plus loin, après le jardin, j’aperçois juste un petit bout d’un grand champ de terre. Je vois un tracteur rouge, qui va et qui vient depuis plusieurs jours.
Et encore plus loin, je vois une immense étendue de feuillus, bien touffus.
À cause de, non, Grâce au confinement, cela fait plusieurs semaines que je m’offre le luxe de vivre… simplement. J’ai vu deux pies faire leur nid tout en haut du mirabellier sauvage. J’ai vu les haies de hêtres et de charmes dévoiler leur nouvelle tenue printanière. J’ai vu…
Mais je n’ai pas seulement réappris à regarder la nature s’éveiller.
Derrière ma fenêtre, j’entends les oiseaux papoter. J’entends le silence insouciant, confortablement installé. J’entends une tondeuse ou une tronçonneuse. J’entends un chien qui aboie. J’entends tant et tant…
Derrière ma fenêtre, je sens des parfums qui parfois arrivent seuls. Alors, je peux les identifier. Un jour, le lilas. Un jour, l’herbe tondue. Un jour, les effluves de la viande qui grille. Un jour, le linge de la voisine qui sèche au rythme du vent…
Derrière ma fenêtre, je vois la vie… à qui je souris… (Joele Mezier)
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Derrière ma fenêtre, je vois…
L’immensité du ciel qui passe d’un bleu limpide à profond, de légèrement nuageux à couvert, d’orageux à tempétueux…
Je vois la végétation de mon jardin qui change au fil des saisons et m’apporte un ouragan de couleurs diverses et chatoyantes !
Les animaux qui traversent la pelouse de temps à autre…
Jeunes renards batifolant à la tombée du jour… hérisson hésitant… rats des champs venant chiper les restes de légumes prêts pour le compost… mon chat et ses copains… les mésanges qui picorent les graines à disposition… les tourterelles qui jouent à l’aspirateur sous la mangeoire pour ramasser les morceaux de graines qui s’échappent… les pies et corneilles se disputant pour un espace sur la pelouse…
Je vois au-delà du réel, ce que ce bout de terrain peut m’apporter comme bonheur !
Je m’y sens si bien !
Je vois aussi toutes les courbatures et maux de dos après une journée bien remplie à l’entretenir ! 😉
Je vois la paix et la sérénité qu’il m’apporte à chaque fois que mon regard se tourne vers lui !
Je vois la chance que j’ai de l’avoir en ce moment de confinement !
Je revois les échanges et souvenirs partagés avec les personnes qui ont laissé une empreinte de leur passage au travers d’une plante ou l’autre !
Mon jardin est un cadeau que je déballe chaque matin quand j’ouvre les stores…
Il m’apporte joie et bonheur.
Souvenirs… de repas partagés autour d’une table accueillante sous le parasol !
Rires de mes enfants, qui résonnent encore à mes oreilles, car aujourd’hui ils sont parents aussi !
En fermant les yeux, j’entends la mélodie des oiseaux qui habitent les arbres voisins…
Mon cœur s’ouvre à toutes ces choses vécues, ressenties, perçues, vues, partagées dans ce petit bout de nature si apaisant !
Merci la vie »
(Martine Patinet😉)
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