Lors du dernier passage du groupe à l’émission Café Corsari, sur Een, tu as expliqué que le titre de l’album Kill all Kings faisait référence aux multiples modes de domination que subit la société. Channel Zero appelle-t-il à la résistance ? À la vigilance ? Par rapport à quoi ? Quels messages désires-tu faire passer ?
On peut en effet considérer notre dernier abum ‘Kill All Kings’ comme étant une réaction aux excès des banques et contre un système financier tenant en otage un nombre important de personnes. Je suis persuadé qu’un autre système économique pourrait être mis en place, sans pour autant tuer les gens avec une taxation trop importante, sans pour autant se faire broyer par du stress qui soit lié au boulot ou aux implications financières. Sans oublier les impacts sur l’environnement qu’entraînent les dérives du système économique actuel. L’industrialisation sans limites telle que nous la connaissons actuellement est néfaste pour notre planète. Notre empreinte écologique est désastreuse, ce n’est pas quelque chose de nouveau. Tel que le système fonctionne actuellement, on court à notre propre perte. Et pour en revenir au titre de notre album, « Kill All Kings » n’est donc évidemment pas un appel au meurtre, mais un appel à la révolte contre un système qui nous prend à la gorge.
La musique représente-t-elle pour toi un moyen de revendication politique ?
Il est selon moi préférable que les musiciens ne s’impliquent pas en politique. Nous avons par contre tous le devoir de revendiquer certaines choses. Ce qui peut évidemment parfois arriver jusqu’aux oreilles du monde politique…
En cette veille des élections, les sondages montrent une augmentation des intentions de vote pour la N‑VA. De quel œil vois-tu cette augmentation ? La Belgique est-elle amenée, un jour ou l’autre, à se scinder ?
Je pense sincèrement qu’une scission n’est pas à l’ordre du jour. Je n’y crois pas. Il est vrai qu’aujourd’hui, la Flandre se trouve dans une situation économique plus aisée que la Wallonie. Mais il y a cinquante ans, c’était l’inverse ! Et qui pourrait affirmer que la situation ne pourrait pas s’inverser à nouveau dans cinquante ou cent ans ? Les hommes politiques commettent aujourd’hui une grosse erreur : penser à court terme.
Comment vois-tu la Belgique dans le futur ?
Telle qu’elle est aujourd’hui, tout simplement !
Considères-tu comme suffisant le soutien apporté par les politiques culturelles à Channel Zero ? Et aux groupes de rock en général ?
On n’a jamais été subsidié par une source politique. Et je pense que c’est vraiment mieux comme ça ! Selon moi, tous les groupes subsidiés finissent par devenir des plantes. Ils sont obligés de suivre des règles bien précises, ce qui revient, tôt ou tard, à tuer l’authenticité du groupe. Comment dès lors avoir une identité musicale propre si de telles règles viennent contraindre l’authenticité du groupe ? Impossible.
À quoi les politiques culturelles devraient-elles être plus attentives ?
Il apparaît de plus en plus important d’apporter le support nécessaire à l’organisation d’évènements, au lieu de tuer ces évènements en adoptant certaines règles restrictives, telle que celle concernant le niveau sonore dans certains espaces publics imposée par la Ministre flamande de la Culture, Joke Schauvliege. Avec de telles règles, qu’on ne vienne plus se demander pourquoi certains groupes internationaux décident de ne plus inclure la Belgique dans leur tournée…
Les ventes de CD et vinyles sont loin d’être aussi fortes qu’auparavant. La tendance se porte davantage sur l’achat en ligne et le streaming qui rapportent peu. Comment fait un groupe pour survivre aujourd’hui ?
Pour ne rien cacher, ce n’est vraiment pas évident. Les seules rentrées plus ou moins directes sont celles provenant des concerts. Il ne faut par contre pas compter sur la vente de CD pour gagner sa vie. C’est à peine si on a gagne un euro par CD. La production et la préparation d’un album coûtent de plus en plus cher. Et tu es obligé de toujours t’adapter si tu veux pouvoir rivaliser face à des groupes internationaux. Ce qui implique de toujours maintenir un œil sur les budgets, entraînant nécessairement une augmentation du prix du billet du concert. La boucle est bouclée.