Où et comment avez-vous démarré dans la musique ?
À 18 ans, j’étais à l’armée et je caressais l’espoir de devenir un grand footballeur. Mais un soir, j’ai vu des militaires qui jouaient de la guitare et l’envie m’est venue. Dès que j’ai su jouer trois cordes, je me suis mis tout de suite à composer des mélodies. Je me rendais souvent à Londres pour voir des concerts. J’y ai vu les débuts du punk-rock, en 76. Je n’avais jamais vu ça ailleurs, c’était très simple mais énergique. En 1976, j’avais 22 ans nous formions un groupe. Très vite, nous nous sommes produits en concert, on jouait des reprises des Ramones et quelques compos. Nous jouions en première partie de Patti Smith ou The Buzzcocks. Notre bassiste avait tout juste 12 ans, il était hyper doué. Son jeune âge nous posait des problèmes, on ne voulait pas le laisser rentrer sur les lieux de concert, on ne croyait pas qu’il faisait partie du groupe…
Nos messages n’étaient pas politique, c’était simplement rendre compte de l’establishment, de dénoncer la crise… Ces sujets sont toujours d’actualité. Aujourd’hui la crise à l’emploi est toujours bien présente. En 1978, nous chantions « I wanna get a job in the city ». Pas de futur, un univers bouché, le chômage grimpe encore : nous en sommes encore là !
Quels étaient vos rapports avec le public ?
En général, ils étaient très étonnés. À l’époque, la plupart des groupes jouaient du blues et portaient des cheveux longs. Leurs morceaux étaient généralement d’une longueur extrême. Après 5 ou 6 concerts, nous sommes très vite passés à l’enregistrement, en 1976 et en 1978 nous avons signé chez Philips. Ensuite tout s’est emballé rapidement. Nous jouions souvent en Wallonie, plus qu’en Flandre d’ailleurs. À Charleroi et Liège, le punk était bien accueilli, dans des villes à caractère social et ouvrier comme celles-là, quoi de plus normal. En Allemagne de l’Est ou de l’Ouest, ce n’était pas tout à fait pareil, c’était beaucoup plus fanatique. J’ai joué avec Plastic Bertrand et Chelsea, un groupe anglais. Dans les années qui suivirent je suis resté punk. Dans les années 80, j’étais une vedette, on me disait génial. Par la suite entre 1986 et 1996, ce fut la chute. J’ai joué en solo, des années galères. À New York, nous avons réalisé un DVD, les jeunes de 18 à 20 ans pour la plupart connaissent toutes nos chansons. C’est déjà la troisième génération successive. En Flandre, notre public reste jeune et personnellement je trouve que c’est important. Cela me rassure de savoir que je ne joue pas que pour des nostalgiques, les jeunes apprécient notre musique. On redécouvre toujours The Kids.
Qu’est ce que tu penses des punks à l’heure actuelle ?
Il y a toujours une place pour les punks. Quand il y a des crises, il y a des gens qui n’ont pas la possibilité de s’élever, il existe toujours des gens qui veulent changer, et suivre une autre voie. Il y a toujours des gens qui veulent vivre d’une autre manière. Moi par exemple, je ne suis pas matérialiste, je ne veux pas une jaguar, ni une rolex. Si tu désires ces objets de luxe, il faut travailler pour les obtenir. Moi, je travaille pour jouer de la musique, c’est la chose la plus importante qui soi. Nous sommes peut-être le seul groupe flamand qui ne s’est jamais produit sur la scène du Werchter par choix. Ce serait trop l’engrenage du star system à notre goût !
The Kids se sont reformés en 1996 ?
Des Parisiens s’intéressaient à nous. Ils avaient grandis avec la musique punk et souhaitaient que nous enregistrions aux États-Unis, des contacts avaient été pris. J’ai alors retrouvé des morceaux du premier album, il y en avait 13 morceaux, et un DVD d’un concert de 78, ils ont tout de suite étaient emballés. Nous nous sommes reformés à 4, et nous avons signé un contrat d’un an pour partir en tournée. Nous avons dû chercher un autre bassiste, celui de l’époque ne pouvait plus assurer les tournées. Nous avons refondé le groupe avec le batteur du groupe belge « The Scabs ». Maintenant cela fait 16 ans que nous continuons à nous produire sur tous les continents.
Quels sont tes futurs projets ?
Mon but est de continuer à jouer, beaucoup de concerts prévus, l’agenda est rempli pour toute l’année, pas moins de 30 concerts. Pour ma part, l’important c’est d’avoir un groupe, de s‘amuser, je ne suis pas un oiseau que l’on enferme dans une cage dorée !
Tu as 57 ans aujourd’hui, tout va donc pour le mieux ?
Oui, j’ai tout ce que je veux. Ma femme va avoir un bébé en décembre… Le bonheur.
Je me suis toujours amusé dans la vie et de la vie !